Par Michel M. Albert
Le blogue trouve important d’offrir des ateliers de base que l’on donne habituellement aux improvisateurs comme ressource aux nouveaux entraîneurs et pédagogues de l’impro. Pour le lecteur plus expérimenté, nous analyserons chaque atelier afin d’identifier quels atouts sont développés par son entremise.
Atelier
Instructions
Créez quatre coins distincts (ou quadrants) dans votre aire de jeu (avant-gauche, arrière-gauche, avant-droite, arrière-droite) et attribuez à chacun de ces quadrants une émotion. Par exemple : Bonheur, tristesse, colère, peur (ne pas se limiter à cette courte liste, évidemment). On y envoie deux joueurs à qui on donne un court dialogue (voire, une phrase ou deux chaque). Par exemple :
JOUEUR A : Je dois partir.
JOUEUR B : Déjà?
JOUEUR A : Au revoir.
JOUEUR B : Bye.

Selon le quadrant où ils se trouvent, les joueurs doivent dire ces mots avec l’émotion attribuée à ce quadrant. Puis les répéter avec plus d’intensité, et plus encore, jusqu’à ce qu’ils (ou le formateur) croient que l’on soit au summum de cette émotion. Les joueurs sont ensuite dirigés à un autre quadrant où ils répètent encore une fois le même dialogue, mais avec une autre émotion derrière leurs mots. Et ainsi de suite jusqu’à ce que les quadrants aient tous été visités.
Selon la grandeur du groupe, différents duos pourraient être appelés à œuvrer dans chacun des quadrants.
Variantes
Pour le groupe qui a maîtrisé cet exercice, on peut ajouter de la complexité aux quadrants émotionnels. Par exemple, on peut placer les deux joueurs dans différents quadrants, chacun avec son émotion. Ou alors, laisser les joueurs se promener dans l’aire de jeu à leur discrétion, sans dialogue prédéterminé, changeant d’émotion selon leur position.

Pourquoi c’est utile
D’une part, l’exercice travaille l’émotion qui peut habiter les personnages sur scène. D’une autre, le joueur apprendra à varier les degrés d’émotion – il y a une important différence, par exemple, entre la crainte, la peur et la terreur, ou entre l’irritation, la colère, et la rage – et à comprendre instinctivement quand une émotion a plafonné et qu’il est temps de passer à autre chose dans une improvisation. Ainsi, on évite dans la mesure du possible des improvisations qui commencent à un niveau trop intense et n’ont nulle part à aller, ou encore qui restent trop longtemps à un même niveau et stagnent.
De plus, pour l’entraîneur autant que les joueurs, on peut en tirer des leçons de mise en scène. Quel est l’effet d’une telle ou une telle position dans l’aire de jeu sur la présentation d’une émotion particulière? Ainsi, les joueurs apprendront que les émotions intimes se jouent mieux à l’avant-scène, ou qu’un retrait vers l’arrière représente mieux l’isolation ou la peur. L’atelier vous invite à varier la mise en scène offerte par les quadrants pour y découvrir de tels effets.
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