Proposer ou imposer une idée

Par Elyse Hamel

En mixte, les quelques premières secondes de la rencontre entre deux joueurs peuvent être vues comme une sorte de danse, un jeu à deux qui requiert à la fois finesse et conviction. D’un côté, on ne veut pas faire stagner l’histoire et s’attirer un statisme (le fameux « salut comment ça va »), mais on ne veut également pas créer une rudesse en décidant trop vite des personnages, du lieu et de la situation.

Cet équilibre précaire peut prendre des années à perfectionner, mais voici quelques conseils pour vous aider à mieux proposer des idées, tout en évitant de les imposer.

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Plutôt que de donner un personnage au joueur de l’autre équipe, assumez-en un vous-même.

Approcher l’autre joueur en disant « Maman! » est particulièrement rude, parce que vous venez de lui dicter non seulement un personnage, mais également de définir la relation qui vous unit. Au lieu, agissez en enfant et laissez l’autre joueur décider s’il veut être votre sœur, votre cousine, votre mère ou votre grand-mère. Vous offrez ainsi un élément de l’histoire, tout en invitant l’autre équipe à rajouter des aspects à la situation.

Au lieu de dire « Wow, on est dans une grotte », dites plutôt « Ouf, il fait sombre ici! » 

De cette manière, vous apportez une suggestion d’atmosphère, ce qui est très intéressant, sans toutefois imposer un lieu précis. Peut-être que dans la tête de l’autre joueur on est dans une cave, ou encore dans un grenier poussiéreux. Vous avez établi qu’il faisait sombre, mais laissez l’autre réagir à cette affirmation en y apportant du sien.

Vous pouvez nommer l’autre, mais limitez-vous aux noms propres.

Le syndrome du « allo comment ça va » est problématique parce qu’il n’établit absolument rien. On n’y décèle aucun lieu, aucune émotion, et à peine une relation entre les personnages. En commençant votre improvisation mixte, on vous encourage plutôt à suggérer une relation entre les deux personnages, sans toutefois en imposer une. Ainsi, on pourrait dire « Chantal?!? » avec un ton de surprise, ce qui évoque un historique, tout en laissant l’autre joueur déterminer qui il est, pourquoi vous êtes surpris et ce qui caractérise votre relation. Mais si vous dites « Papa?!? » c’est déjà trop en imposer.

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Regardez-vous d’abord avant de regarder l’autre.

Par cela, on entend qu’il est important de s’interroger soi-même sur ce qu’on fera en début d’improvisation. Au lieu de dire à l’autre joueur « Peux-tu m’aider à faire la vaisselle? », commencez plutôt à la faire, lançant un regard dans la direction du joueur. Ou encore, reniflez l’air avec une mine de dégoût. Vous apportez ainsi un élément clé (ça ne sent pas bon ou bizarre) qui s’arrime avec n’importe quel geste que l’autre peut être en train de faire.

La clé du succès dans le mariage des idées en mixte, c’est d’arriver à suggérer un à un des éléments de l’histoire, jusqu’à ce qu’on ait établi des personnages, un lieu, une intrigue, un conflit. Tout ne peut venir d’une seule personne. Mais en même temps, de faire le contraire, c’est-à-dire ne rien proposer du tout, c’est peu intéressant. Tout est question d’équilibre, bref, de finesse!

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