Par Michel M. Albert
De temps en temps, l’arbitre nous donne un accessoire à intégrer dans nos improvisations. C’est rare. Cependant, deux accessoires sont toujours permis : Le jersey et les bandes. Explorons les options que ces dernières nous offrent.
Le jeu des hauteurs
La façon la plus usuelle de jouer avec les bandes est de les utiliser pour changer son niveau par rapport au public ou aux autres joueurs. On peut donc monter sur un coin de bande pour être sur le toit d’un édifice, un ange au ciel, en haut d’une échelle, etc. On peut s’asseoir à un restaurant ou en classe, créant une mise en scène de haut et bas avec un serveur ou une enseignante qui restent debout. On peut, enfin, se cacher partiellement derrière la bande pour qu’on ne voit que nos têtes ou nos mains, et ainsi évoquer l’idée que les personnages sont courts, ou que le public est plus haut qu’eux (des alpinistes qui arrivent presque au sommet, des enfants qui essaient de voir ce qui se passe l’autre bord d’une clôture, etc.).
L’important, quand on joue avec les hauteurs, c’est de le faire consciemment et pour une raison. Bien que c’est rare que l’on monte la bande pour rien, on voit fréquemment des joueurs s’asseoir à l’arrière de la bande sans vraie raison. Le jeu devient statique, la mise en scène est plate, il n’y a pas de rapport de pouvoir entre les personnages. En d’autres mots, ils pourraient être debouts sans que cela ne change l’improvisation.

Les bandes comme meubles
Une autre façon d’utiliser les bandes que l’on voit régulièrement, c’est de les utiliser comme chaises, tables ou lits. En les enjambant, pourrait-on faire un cheval ou une moto? À plat sur le ventre, peut-on créer le sens que l’on nage à la surface de l’eau. On y vivra les mêmes enjeux de mise en scène qu’avec le jeu des hauteurs. Il s’agit de s’assurer que le public voit bien ce que l’on fait qu’importe notre position.
Mais quoi d’autre?
Si on regarde les bandes comme on le fait les accessoires spéciaux, quelles idées surviennent? Quelles sont les propriétés uniques des bandes?

En termes de forme, les bandes sont composées de lignes et de rectangles, rien de trop particulier, mais la « boîte ouverte » qu’elles créent peut évoquer une piscine, une litière, un jardin clôturé. Si on imagine des pleins murs, une pièce vide, une petite maison, une cage. Est-ce que les coins sont carrés ou arrondis? Est-ce que les bandes sont ouvertes ou bien fermées? Est-ce que sa hauteur change selon le côté? Qu’est-ce que ça évoque comme utilisation?
En termes de couleurs, elle est surtout blanche, avec un dessus rouge et des lignes bleues et rouges au fond. Est-ce que ce fond crée des cases où différentes choses se passent (comme dans une bande dessinée)? Pouvons-nous utiliser le rouge comme une trace de sang, ou le bleu comme une source d’eau?
En termes de résonance, les bandes peuvent servir à des joueurs bruiteurs, comme tambour, porte à laquelle on cogne, etc.
En pièces détachées
Une autre propriété des bandes, c’est qu’elles sont faites pour être montées et démontées. Peut-on donc, pendant une improvisation, enlever un morceau de bande? La réponse varie selon les circonstances. En tournoi, non. Les bandes appartiennent à une formation et pas aux autres, ce qui veut dire qu’il est dangereux pour l’équipement de le tenter chez quelqu’un d’autre, et injuste pour les autres si on est l’hôtesse. De la même façon, tout démontage requiert un remontage, donc on évitera de démonter les bandes sauf à la fin d’une période ou d’un match, même en format ligue.

Mais la capacité d’enlever des bandes pourrait servir. La meilleure utilisation que j’aie vu était une improvisation sans limites ni frontières à propos d’une maison infestées de termites. Les personnages principaux s’en plaignaient alors que les joueurs de soutien faisaient un bruit de grattement « dans les murs » tout en dévissant la bande avant pour partir avec. Jouer avec les vis pourraient créer l’image d’ouvriers au travail, etc.
Et encore plus loin
La Ligue d’Improvisation Acadienne (LIA) a aussi tenté un format de match appelé « Bandes éclatées » où l’utilisation des bandes était encore plus remarquable. J’en parlerai dans un article la semaine prochaine.
Tout ça pour dire, la prochaine fois que vous vous trouvez dans l’arène, regardez autour de vous. Les bandes n’ont pas besoin d’être que la limite de l’aire de jeu, elles peuvent aussi vous donner des opportunités pour amener le jeu ailleurs.
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