Par Michel M. Albert
Les Frères Marx étaient une troupe familiale de musiciens et humoristes qui ont tourné sur les planches du Vaudeville au début du dernier siècle et qui ont eu suffisamment de succès pour être portés au cinéma. Aujourd’hui, les vedettes de la comédie vont souvent mentionner les Frères Marx comme inspiration majeure.
Je me suis tapé un petit marathon des films des Frères Marx pendant les fêtes, et ma conclusion? Que ces films-là sont joliment proches de ce qu’on fait en impro. Les improvisateurs pourraient faire pire que de regarder un ou plusieurs de leurs films (pour tout révéler, j’ai tout vu entre Duck Soup et The Big Store) pour aller chercher eux-mêmes cette inspiration.

Chez les Frères Marx, on a vraiment les divers types d’humour que l’on retrouve en improvisation. Groucho (avec la moustache) est une machine à jeux de mots, un backpuncheux verbo-moteur de la plus rapide espèce. Chico (cheveux noirs) fait son humour avec son personnage et le sketch; il est le plus « moteur » de la famille. Harpo (boucles blondes) est toujours muet, mais je ne dirais pas qu’il représente le jeu physique, car les trois sont très bons avec ce genre d’humour. Plutôt, il est un personnage de dessin animé au beau milieu de la réalité, le joueur ABSURDE qui curve ball tout le monde avec ses idées loufoques. Un quatrième frère, Zeppo, n’était pas drôle et jouait les rôles sérieux dans les premiers films; peut-être vous sentez-vous plus comme lui, qui sait.
Les films prennent aussi un air de match d’impro. L’histoire au sens large est rarement très importante, sauf comme raison pour enfiler une variété de sketchs qui ont des prémisses drôles comme on peut en entendre en caucus : Trop de gens se retrouvent dans la plus petite cabine de bateau au monde (A Night at the Opera), un personnage vend une interminable série de cahiers experts à un gars qui veut mettre un pari sur un cheval (A Day at the Horses), et ainsi de suite. On peut même voir un jeu de style, comme quand les Marx sont insérés à un western dans Go West.

Toutes sortes de règles d’impro sont suivies : Malgré les absurdités et personnages niaiseux qui n’ont pas les compétences d’être dans leur rôle (comme Groucho, président d’un pays dans Duck Soup), les personnages sérieux, bien que frustrés, ne se posent pas cette question. Tout le monde fait preuve de oui-oui-dire et accepte les situations ridicules causées par les Frères. D’un film à l’autre, les mêmes acteurs reviennent dans différents rôles. Il y a des interludes musicales, des chansons, des numéros de cirque… des catégories! Et c’est, avouons-le, CABOTIN.
Des Frères Marx, on peut apprendre comment rendre une situation ridicule encore pire, poussant l’humour loin de la zone de statisme. On peut aussi voir comment différents styles de jeu peuvent se marier et se respecter. Une autre leçon qui semble jouer dans le casting des invités, c’est de mettre à profit ses talents particuliers, de trouver moyen de montrer ceux-ci pendant un match. Et puis si vous avez un intérêt dans l’arbitrage, vous pouvez tester votre tolérance pour le cabotinage, pour la confusion, etc. En effet, il y a plein d’exemples de choses qu’on ne pourrait pas faire en impro parce que c’est trop fou, trop niaiseux, trop dangereux. Ou pas. Prenez votre dose de Frères Marx et dites m’en des nouvelles.
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