Par Martin Savoie
L’improvisation, tout comme le stand-up et le théâtre, suscitera plus souvent qu’autrement une réaction audible de la part du public. Que celui-ci ri à gorge déployée, exprime un dégoût, la surprise, signifie qu’il est attendri… on ne se le cachera pas, quand c’est l’émotion que tu veux véhiculer, ça fait un p’tit velour.
On s’entend qu’une improvisation n’est pas obligée de créer de rires ou une grande stupéfaction pour être créative, mémorable et, somme toute, bonne. Par contre, ça se peut que ça arrive.

Et quand ça arrive, c’est un signe que le public doit prendre le temps d’absorber ce qui lui est proposé avant de continuer. Le public, dans sa réaction audible, vit un moment à partir de l’expression artistique que vous lui envoyez, et ce moment se doit d’être vécu pleinement, sans interruptions.
De continuer malgré la réaction peut entraîner deux conséquences assez désagréables.
D’un côté, on prive le public d’autres informations. Plongé dans sa réaction, celui-ci ne pourra apprécier les autres éléments qui seront emmenés pendant celle-ci. Lorsque cela arrive, l’appréciation de ce qui suit, dû au manque d’information, se voit donc amoindrie.

De l’autre, il y a le risque d’envoyer un message au public que l’on ne veut pas de sa réaction, qu’il nous dérange. Dans un tel cas, on se retrouve par la suite avec un public timide, limite intimidé, qui hésitera avant d’apprécier ce qui lui est offert dans le cadre de l’improvisation, ainsi que celles qui suivent.
Une improvisation ne dure que quelques minutes, et il se peut que, par cette réaction, on n’a pas le temps de se rendre à la fin soi-disant désirée par son collectif de création (soit, les joueurs dans l’arène). Mais une fin en suspens n’est-elle pas préférable à une histoire incomprise et un public qui se sent mal de se laisser transporter par le spectacle?
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