Par Elyse Hamel
J’aime faire référence à l’improvisation comme une discipline qui célèbre l’éphémère. Les histoires que l’on crée à partir de rien ne laissent comme traces que des souvenirs, parfois flous, qu’on se plaît à partager, mais qui ne sont souvent que l’ombre des expériences vécues.
Pour être improvisateur, il faut non seulement être capable d’accepter cette fatalité intrinsèque de notre art, mais également de l’accueillir à bras ouverts. Il faut signer ce contrat imaginaire qui nous engage à vivre dans le moment, et à passer à autre chose une fois que c’est fini.

Le fait que les improvisations qu’on travaille si fort pour jouer sont finies après 2, 3, 5, 10 minutes, ça nous apprend une leçon fondamentale : qu’il faut vite passer à autre chose. Et cette réalité-là s’articule de plusieurs façons différentes.
D’une part, on doit se rendre compte qu’une bonne improvisation, bien qu’elle puisse être marquante, ne suffit pas à faire un match. Une fois le sifflet entendu, c’est fini, et on doit recommencer à zéro. D’autre part, les mauvaises improvisations qui entraînent un soulagement lorsqu’elles se terminent ne peuvent pas influencer notre attitude face au restant du match.
Faire de l’improvisation, c’est savoir de se donner au maximum, puis de recommencer, et de recommencer à nouveau. Et cette habileté que développent les bons joueurs de faire table rase après chaque essai, ça se traduit également dans la vie de tous les jours.

Vous avez sans doute déjà entendu « Chaque jour est un jour nouveau ». Les improvisateurs sont bien placés pour maîtriser cette philosophie, puisqu’ils se sont entraînés dès leurs débuts à passer à autre chose, sans attente et sans rancune.
Chaque conversation, chaque réunion, chaque interaction, aussi minime soit-elle, est comme une nouvelle improvisation. Elle offre un éventail infini de possibilités et ne devrait pas être teintée de ce qui la précède. Évidemment, on peut se servir du savoir qu’on a accumulé avant pour mieux mener ces interactions – mais les attentes, elles, devraient partir de zéro.
Pour profiter au maximum de l’improvisation en tant qu’art et discipline, il faut savoir être zen, et accepter de constamment se réinventer. Il en va de même de l’aventure qu’est la vie!
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