Par Michel M. Albert
Peut-être que c’est parce que je joue beaucoup avec mes mains (certains disent qu’elles sont des personnages à elles seules), mais je trouve que ces extrémités peuvent être aussi expressives qu’un visage, et qu’elles sont généralement sous-exploitées en impro.
Au-delà de la simple expression du geste, il y a ce que je vais appeler le marionnettisme.
On parlera de marionnettisme quand le joueur utilisera ses mains pour créer un ou des personnages sans avoir à rentrer un joueur supplémentaire. Cette « marionnette » peut être très simplement une main qui parle, ou des doigts qui courent sur un bras, le dessus de bande, etc. Rien n’empêche qu’elles soient les seuls personnages dans l’histoire, le marionnettiste essentiellement « invisible » au public.

L’effet? C’est comme de la magie « close-up ». Le public se concentre soudainement sur un point particulier où une mise en scène différente est possible. Tout à coup, l’histoire se passe très loin, les personnages sont tout petits, peuvent traverser de grandes distances sans avoir à faire le tour de l’arène quinze fois, vivent dans un univers immense plutôt qu’un espace restreint. Et vu que nos « marionnettes » sont plus abstraites que des personnes grandeur nature, l’imagination du public est d’autant plus activée. Si c’est bien fait, le public sera davantage investi dans ce qui se passe. On aura volé le show avec quelques doigts.
Même sans ce « zoom-out », le marionnettiste peut mettre en scène des être plus petits que lui, comme des araignées, des poissons, etc. L’important, c’est que le public ne « voit plus » le joueur, mais se concentre sur la main qu’il anime.
Il y a évidemment des risques. Si la salle est trop grande, le public trop loin, il devient difficile de rendre les marionnettes claires. Même dans une petite salle, il est important de jouer à l’avant de l’arène. Et ça se pratique. Amusez-vous. Quelles actions, créatures, machineries pouvez-vous créer à l’aide de vos mains seulement? À quoi ça l’air un petite marionnette à dos de cheval? Si on parle avec nos mains (le style « muppet »), quelles expressions peuvent être transmises sans le bénéfice d’un visage?

Maintenant ajoutez un accessoire. Normalement, vous avez votre jersey d’impro. Votre marionnette peut en faire un foulard, une glissade, une trampoline, etc. Et les habiletés de marionnettisme ainsi développées seront utiles quand viendra le temps de réussir une avec accessoire, ajoutant bien des possibilités à l’objet-vedette. On demande « et si l’objet était immense, à quoi ressemblerait-il? ». Des fois, l’accessoire est lui-même petit – une ficelle, un balle de tennis, un CD – et invite le marionnettisme. On peut le manipuler comme s’il était, en fait, une de nos marionnettes, ou du moins un décor ou accessoire pour nos marionnettes. Par exemple : L’accessoire est une carte à jouer, et devient un tapis volant. Placez votre marionnette à genou sur la carte et faites la voler. Puis elle devient une porte, etc.
Capter l’attention du public avec ses mains, c’est un tour de magie, la magie du spectacle.
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