Par Michel M. Albert
Je ne vais pas m’en cacher, en tant qu’organisateur, officiel, entraîneur ou joueur dans des événements d’impro, je suis pas un fan de faire « double salle ». Évidemment un mal nécessaire quand on a trop de matchs à disputer dans le temps donné, je pousse quand même habituellement pour une formule qui requiert que l’on joue le moins possible dans une deuxième salle.
D’un côté logistique, c’est évidemment plus simple de remplir les postes nécessaire au déroulement d’un match si on n’a pas à dédoubler notre équipe. C’est aussi plus facile pour le public qui n’a pas à faire un choix quant à quel match aller voir, et la salle unique se retrouve plus remplie par conséquent. Et vu que les joueurs font partie de ce public – comme entraîneur, je trouve très important que mes joueurs voient les autres équipes jouer, pas pour des raisons stratégiques nécessairement, mais pour inspirer leur jeu – ce choix a aussi un impact. Rien de plus triste, en effet, que de vouloir voir des amis d’autres équipes jouer, mais rien à faire, on joue dans l’autre salle en même temps! (Même chose si on est fan d’arbitres.)

Et puis c’est très rare que les salles sont équivalentes en termes de qualité. Comme public ou comme joueur, on en préférera une (souvent, mais pas nécessairement, la salle 1) pour sa taille, ses sièges, son éclairage, son équipement de son, ses coulisses, ses possibilités de sans limites ni frontières… Une des salles est peut-être même plus difficile à trouver, et donc moins remplie. On s’est déjà vu à des tournois où les salles sont trop éloignées l’une de l’autre, occasionnant aussi des problèmes pour les équipes (genre dans deux différents édifices à plus de 20 minutes de marche). Là où la salle se situe peut donc aussi provoquer une préférence.
Mais nécessaire, le double-salle, ce l’est souvent. Je me suis dernièrement souvent retrouvé dans le poste d’ombudsman secondaire, c’est-à-dire, de la « Salle 2 », et donc pu observer de près le phénomène de la deuxième salle. Si je l’appelle un ghetto dans le titre de cet article, c’est qu’il y a un sens d’isolation, ou du moins de partition, au concept du double-salle. Il est possible qu’après un tel tournoi, on n’est pas vu une équipe jouer du tout, ou très peu. On n’a pas le sens de qui était bon ou moins bon, qui était plombier ou bien étoilé, quelles punitions ont été données et pourquoi, quels sont les clichés du tournoi, pourquoi tout le monde parle de cette une impro magique là qu’on a manquée…

Et pour lui donner un aspect positif, ça peut aussi créer un certain mystère, un suspense. En double-salle, il est plus difficile de garder un œil sur le portrait complet. On ne sait pas qui accumule des victoires ou des défaites, quelle est la qualité de nos adversaires potentiels, etc. Il est très fréquent que les équipes qui se classent pour les demis, ou pour un prochain tournoi, soient surprises du résultat. En salle unique, ces choses-là sont plus claires.
C’est comme si deux tournois se passaient en même temps, et ce n’est qu’en demi-finale que l’on se retrouve enfin sur la même page, qu’on sort de notre ghetto. Ça peut même sembler étrange quand on y voit des équipes pour la première fois. Mais bon, c’est ça qu’est ça. Pas toujours le choix.
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