Par Martin Savoie
On a tous une définition de ce qu’est le cliché. Pour ma part, la façon dont on m’a présenté le concept était de dire que c’était de faire la même chose trop souvent, ou d’utiliser des éléments volés d’autres médias sans que celles-ci n’amènent quoi que ce soit à l’histoire, autre qu’un petit gag.
Mais dans l’optique de faire la même chose trop souvent, pourquoi certaines choses qui reviennent sont clichés, alors que d’autres ne le sont pas? En fait, la différence entre les deux réside dans la trame narrative de l’improvisation en cours. Pour l’élément qui ne se mérite pas de cliché, on parlera de récurrence, tandis que celui qui se voit collé un cliché sera plutôt de l’ordre de la redondance.

Si une réplique, un geste, un personnage vient lier les histoires entre elles pour en faire un tout cohérent, on parlera dans ce cas de récurrence. Si cet élément a plutôt un effet contre-productif, qu’il est utilisé comme une blague d’abord et avant tout sans rien emmener à l’improvisation, on parlera là d’un élément redondant et, par conséquent, d’un cliché.
Lorsque l’on parle d’une thématique, c’est dans l’exploration de cette dernière que se tracera la ligne entre récurrence et redondance. Si un élément est revu et corrigé, que l’on attaque celui-ci de différentes perspectives, à travers les yeux de différents personnages (un « Vantage Point » à la limite), là on parlera de récurrence. Par contre, si l’on tourne toujours autour des mêmes éléments, que l’on voit le tout à travers des personnages similaires, donc qui n’amènent rien de nouveau à la thématique, là il s’agirait d’une thématique redondante, donc d’un cliché.

Un exemple de récurrence en impro serait, dans son concept, l’impro-théâtre. Les personnages et éléments reviennent (pour la plupart) dans plusieurs improvisations, formant ainsi un tout qui appartient à une trame narrative plus grande que les impros elles-mêmes. Par contre, si l’on faisait revenir ces personnages dans le but de faire un gag et que le résultat était décousu, le fait de ne rien apporter autre qu’un souvenir de l’impro d’avant, c’est un cliché.
Un élément récurrent peut-il devenir redondant? La réponse courte : oui. Comme n’importe quoi, même si un personnage ou une thématique est explorée de façon nouvelle, le condensé peut faire en sorte qu’il y a un certain épuisement, voir une lassitude vis-à-vis le contenu présenté, et le libellé de cliché devient ainsi une façon pour l’officiel de signaler cette problématique et de dire aux joueurs de passer à autre chose pour le bien du spectacle.
Vous voulez écrire un article? Communiquez avec nous à improvisationnb@gmail.com!