L’élément de la surprise

Par Michel M. Albert

En impro, on raconte des histoires, mais nous ne sommes pas les premiers. Il y a des milliards d’histoires qui ont été racontées par l’humanité depuis ses débuts, tout média confondu, des milliers d’improvisations pour ne parler que de celui-là. Et même sans faire exprès, on évoquera, dans nos improvisations, une histoire déjà racontée, un « twist » qui semble moins qu’original, une farce que quelqu’un du public a vue venir de loin. Et c’est correct.

Ce qui est moins correct, c’est quand vous – VOUS – l’improvisateur comme tel, devient prévisible. Que vous avez vos clichés personnels parce que vous utilisez les mêmes personnages, les mêmes situations, les mêmes amorces, les mêmes sortes de twists. Le public (et votre adversaire) vient qu’à vous savoir par cœur. Et avec cette familiarité vient une apathie, une lassitude, une envie de voter pour l’autre joueur, ou pire, de ne pas revenir la semaine prochaine. Signe que vous vous répétez.

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Alors comment rendre ses impros plus surprenantes? Quelques suggestions : 

1. L’écoute. À la base, si vous donnez le contrôle à quelqu’un d’autre, vous ne ferez pas le choix cliché qu’on vous reproche. Et ça, ça passe pas l’écoute. Tout ce que l’autre joueur apporte, utilisez-le dans votre personnage ou situation. Si vos idées ne sont plus originales, les idées des autres, entre vos mains, le seront beaucoup plus. Encouragez les autres joueurs à construire, à décrire, à donner des détails, et ensuite utilisez ces détails pour meubler l’impro. Si l’autre joueur fait les choix, vous serez davantage dans une position d’adaptation, plus proche de la vraie impro, et votre jeu y trouvera une certaine fraîcheur.

2. Jouez avec les attentes que vous créez. Chaque situation a ses clichés et le public les voit venir. Quand le public reconnaît l’impro « clichée » que vous faites, c’est le temps de leur envoyer une bonne « curve ball ». On voit deux joueurs se préparer séparément pour une sortie. On sait où ça s’en va. Mais si ils sortent de leurs appartements et chacun rencontre quelqu’un d’autre? On vient de confondre les attentes du public et créer quelque chose de nouveau. Je ne vais pas donner d’autres exemples pour garder la surprise en vie, mais ce n’est pas une question de penser à de telles idées avant le match (c’est de l’impro!), mais pendant l’impro elle-même, d’essayer de voir ce qui arrive quand vous faites Z quand votre inclinaison naturelle serait de faire A.

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3. La surprise est dans les détails. Dans les histoires que l’on peut raconter en environ 3 minutes, certaines idées reviennent et c’est difficile de les en empêcher. Après tout, il est possible que malgré vos efforts, le thème ou les autres joueurs apportent le cliché sans vous. Mais la FAÇON dont vous raconter cette histoire n’a pas besoin de l’être. C’est la vieille chicane de couple, mais un est aveugle et l’autre sourd. C’est l’infomercial, mais la personne vend son âme. Ou c’est juste pour changer le mal de place. Vous entrez par le coin opposée. Votre personnage porte un chapeau. Il parle avec un accent du Nord-Ouest. La moindre des choses, parfois, pourra rafraîchir votre jeu, vous donner une nouvelle allure, inspirer de nouvelles idées.

Cherchez et trouvez l’élément de la surprise et en plus de surprendre votre public, vous vous surprendrez peut-être vous-même. Ce sont là les improvisations dont on se souvient le plus.

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