Le “mangeux de puck” : ce 3e joueur qui en mène large

Par Martin Savoie

Je suis du genre à croire que tout concept se doit d’avoir un nom et une définition afin d’être réellement tangible. En improvisation, comme ce blogue l’a démontré, il en existe plusieurs. Le joueur qui se démarque par sa disponibilité et sa versatilité dans l’ombre? C’est un plombier. Quelqu’un qui ne fait que faire des blagues sans nécessairement contribuer à la construction de l’histoire? C’est un backpuncher.

Mais qu’en est-il d’un 3e joueur qui refuse systématiquement de laisser l’histoire suivre sa trajectoire une fois son intervention complétée? Au-delà de tout simplement le mettre dans cette catégorie vague des joueurs rudes, comment peut-on le distinguer d’un joueur qui, par exemple, ne fait qu’interagir avec les membres de son équipe, ou celui qui garoche son caucus dès le début de l’impro plutôt que de faire l’amalgame des idées avec son compatriote?

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Il y a un terme que j’ai entendu de la part de joueurs de la LNI (Ligue nationale d’Improvisation) qui, à mon avis, est tout indiqué pour décrire ces situations et, par conséquent, mériterait de faire partie du lexique de l’improvisation au Nouveau-Brunswick : le “mangeux de puck”.

Tout d’abord, qu’est-ce qu’un “mangeux de puck”? Dans l’optique où le concept de l’improvisation est calqué du hockey, la rondelle, la “puck”, devient les répliques, l’histoire, les interventions. Il se peut, tant au hockey que dans l’impro, qu’un joueur décide de monopoliser la rondelle et refuse de la passer, donc l’ingère métaphoriquement et devient le centre de l’histoire et/ou du jeu en cours. On dira donc de ce joueur qui s’impose trop dans les improvisations qu’il est un “mangeux de puck”.

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Régler le problème d’un mangeux de puck relève d’une prise de conscience dudit mangeux de puck. L’aider à accepter qu’une improvisation puisse suivre un chemin naturel et que son idée évolue à travers les yeux et l’imaginaire du ou des moteurs de l’histoire. Le passager d’une voiture ne prend pas le volant des mains du conducteur pour tourner dans une certaine direction, il montre les avenues possibles, et ces routes alternatives contiennent elles-mêmes leurs lots de voies possibles. Il se doit navigateur, pas conducteur. Sinon, c’est l’accident.

Si j’avais un conseil à donner à ces 3e joueurs imposants, ce serait ceci : suggérez un chemin et ayez confiance que les pilotes emmèneront le véhicule à sa destination.

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