Improvisateur à facettes multiples

Par Andréanne Basque

En tant qu’improvisateur, sommes-nous toujours la même personne? Je réfléchis à cette question depuis quelques jours, en fait, depuis ma première expérience en tant qu’entraîneure lors d’un match. Cette question en a, bien entendu, entraîné d’autres. Est-ce qu’on est toujours un improvisateur si on n’est pas un joueur dans le match? Lorsqu’on arbitre, lorsqu’on entraîne, lorsqu’on agit en tant qu’officiel, en tant que public, sommes-nous toujours la même personne?

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À force de réflexion, j’en suis venue à la conclusion que toute personne ayant un rôle actif, de façon régulière, dans un match d’impro peut être considérée comme un improvisateur. Ce n’est pas uniquement un titre qu’on donne au joueur. Du moment où on comprend les mécanismes du jeu, et qu’on s’évertue d’offrir un spectacle, peu importe le poste qui est occupé, ça compte comme de l’improvisation, non? Donc, une fois cette question réglée, reste celle de la personnalité de l’improvisateur.

Je crois fermement que l’improvisateur est un être à facettes multiples. Selon le rôle occupé, où même le public visé, la personnalité, l’essence-même de l’improvisateur, change. Pourquoi je dis ça? Je me suis rendu compte, au fil des années, que je ne me perçois pas moi-même comme la même personne selon le rôle que j’occupe. Autrement dit, je crois que mon attitude face au jeu, la façon dont j’interagis avec le spectacle n’est pas la même. Pourtant, moi c’est moi. Qu’est-ce qui fait que ma perception du jeu est si différente, que mon approche change autant?

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C’est vrai que mon but premier, peu importe le rôle que j’occupe, c’est d’avoir du plaisir et d’offrir un bon spectacle. C’est sûr aussi que c’est normal qu’en tant qu’arbitre, je tend plus vers respecter les règlements qu’à tenter de les briser. À bien y penser, comme joueuse et comme arbitre, je me ressemble plus qu’en les contrastant avec mon expérience comme entraîneure. Parce que ce dont je me suis aperçu, c’est que quand je coach, mon côté malicieux ressort BEAUCOUP. Genre, les 21 dernières années passées avec des frères comme les miens, qui sont TOUJOURS en train d’essayer de se pranker entre eux, deviennent soudainement l’expérience la plus importante, la véritable source de mon savoir et de mes compétences. Tout d’un coup, je deviens… *chuchotement horrifié* quelqu’un qui essaye activement de niaiser autant les joueurs de mon équipe que l’arbitre. À ma grande honte – parce qu’on s’entend que je suis une constructrice verbo-motrice qui penche souvent vers les dramatiques – je me retrouve dans une situation où je conseille à mes joueurs de faire des choses qui sont clairement des cabotinages. Et je me trouve HILARANTE.

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Donc, je ne vois que deux explications possibles. La première, c’est que l’âme d’un cabotin s’est emparée de mon enveloppe corporelle et agit à ma place tout au long de la soirée. La seconde, c’est que jusqu’à un certain point, il y a plusieurs facettes à ma personnalité d’improvisatrice, dont une qui me fait pousser mes joueurs à faire des choses que, comme arbitre, j’aurais le réflexe de punir.

Toutefois, en tant qu’ancienne scientifique, cette explication ne me satisfaisait pas. J’ai donc poussé ma réflexion un peu plus loin. On ne se le cachera pas, les entraîneurs sont souvent des improvisateurs rendus à un stade de la vie où jouer constitue une opportunité qui ne nous est offerte que quelques fois par année. Ceci étant dit, je pense que j’ai le réflexe de pousser mes joueurs à faire des choses que moi-même en tant que joueuse je n’ose pas faire, PARCE QUE je n’ai que rarement l’occasion de jouer, et donc, je vis ma vie de joueuse à travers EUX. 

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Ou bien, peut-être que je trouve juste ça vraiment le fun de niaiser mes anciens collègues arbitres pendant que je suis de l’autre côté de la bande. Quoi qu’il en soit, l’important, c’est que ça ne dérange pas comment on approche le jeu, au fond, tant et aussi longtemps que le spectacle reste un succès aux yeux du public, et que les joueurs s’amusent. Et sur ce point, les différentes facettes de mon improvisateur interne sont d’accord.

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