Rentre, pause, joue

Par Michel M. Albert

Une source de confusion relativement commune provient du troisième joueur qui entre dans une improvisation et rend son dialogue, fait son intervention, trop rapidement. On n’a même pas le temps de réaliser que le joueur est en jeu qu’il s’est déjà caché au bas de la bande, on ne sait que ce qu’il a fait, mais ça interrompt les joueurs en jeu et l’improvisation est, pour le reste de la durée, décousue.

En voulant être surprenant, le joueur a fait exploser l’impro.

Il est donc important, quand on entre dans une improvisation, de se faire remarquer AVANT de se lancer dans l’action. Il faut entrer à un endroit que le public peut bien voir (un coin avant, normalement). On peut prendre une pause pour un silence entre deux lignes de dialogue, ou à la fin d’un rire (pas pendant, on ne vous entend pas). Et là, on fait notre intervention. De plus, si vous êtes à l’avant, les joueurs en jeu devraient vous voir, et vous donner l’opportunité de la faire (sous faute de manque d’écoute).

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L’alternative est que vous parliez par-dessus quelqu’un, qu’on ne comprend pas bien, que le public n’a pas le temps de se tourner, de vous voir, et de vous écouter. Vous n’êtes que du bruit qui dérange.

Mais est-ce que ce n’est un conseil utile que pour le joueur de soutien, ou est-ce que c’est vrai pour les moteurs aussi? Des fois, on se dépêche pour dire notre première ligne avant même que l’arbitre n’ait fini de siffler, avant que l’autre équipe ne puisse nous flaquer quelque chose qui ne va pas avec notre caucus. Même si on ne trouve pas que c’est un peu rude votre affaire (ça peut l’être, selon les circonstances), vous n’avez pas complètement donné au public le temps d’arrêter de placoter, de se tourner la tête, de réaliser que c’est vous qui serez vedette de cette improvisation, et d’écouter de façon active.

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Une vraie pause (et on parle de quelques secondes seulement, une impro, ça va vite) vous donne un moment pour trouver et incarner votre personnage PHYSIQUEMENT, capter le regard de l’autre joueur, créer le sentiment d’un duel entre deux joueurs, faire saliver le public. Et LÀ on se lance. Ces jours-ci, certains arbitres vont vous donner ce temps. Ils sifflent, rappellent le thème et la durée, et re-sifflent. On a donc tout ce temps supplémentaire pour se « placer », mais tout de même, on doit attendre la fin du sifflet, faire son entrée de façon claire et percutante.

Ça reste une question de mise en scène. Si vous ne préparez pas le début de votre intervention comme il faut, elle se perd. Et une invention perdue ne sert à rien. Vous seriez mieux de rester sur le banc.

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