Par Isabel Goguen
Le blogue trouve important d’offrir des ateliers de base que l’on donne habituellement aux improvisateurs comme ressource aux nouveaux entraîneurs et pédagogues de l’impro. Pour le lecteur plus expérimenté, nous analyserons chaque atelier afin d’identifier quels atouts sont développés par son entremise.
Atelier
On divise les joueurs en deux groupes afin de faire des improvisation mixtes. Lorsqu’elles font des caucus, les équipes doivent être séparées significativement, mettant l’une d’entre elle à l’extérieur de la salle si possible. Cette séparation assure que les joueurs n’entendent pas le contenu du caucus de l’autre groupe et cache les surprises à venir. On lance le défi aux joueurs d’utiliser un maximum d’éléments de leur caucus pendant l’improvisation. Le formateur se déplace d’une équipe à l’autre pour leur révéler chaque thème.

Étape 1 : Les deux équipes reçoivent le même thème. Suite à un caucus de 20 secondes, on rassemble les groupes. Le formateur rappelle le thème, puis les équipes font une improvisation mixte.
On sépare les équipes à nouveau.
Étape 2 : Chaque groupe reçoit un différent thème sans avertissement que c’est le cas. Après le caucus, on rassemble les groupes à nouveau. Le formateur choisi un des thèmes, puis l’annonce comme le véritable thème. L’équipe ayant reçu le bon thème répète l’étape 1. L’équipe ayant reçu un différent thème, doit tout de même intégrer son caucus aux idées de l’autre équipe tout en tentant de suivre le thème annoncé, sans consultation additionnelle.
Les groupes s’isolent encore une fois.
Étape 3 : Chaque groupe reçoit un différent thème sans avertissement que c’est le cas. Après le caucus, ils se réunissent. Le formateur donne un thème qui ne correspond pas à ceux donnés aux équipes. Les joueurs doivent faire une improvisation mixte en gardant le maximum de leurs caucus respectifs tout en intégrant ce nouveau thème.

Le formateur peut répéter la première étape à quelques reprises avant de passer aux prochaines. Par la suite, il peut sauter d’une étape à l’autre aléatoirement afin de maintenir un suspense. Suite à chaque improvisation, les joueurs peuvent partager les éléments qu’ils ont réussi à intégrer, et ceux qu’ils ont laissé de côté.
Pourquoi c’est utile
Les joueurs qui jouent régulièrement ensemble se connaissent très bien. Ils ont souvent des idées et réflexes communs en caucus, identifient plus rapidement ce qui est signalisé, et comprennent efficacement les propositions des autres pendant les improvisations. Donc, même si le groupe fait une mixte, elle ressemble souvent tout de même à une comparée. C’est donc difficile de réellement pratiquer une mixte en contexte d’atelier. La supercherie pratiquée dans cet exercice aide à créer l’incertitude que l’on retrouve en situation de match.

De plus, le début d’une mixte représente un défi significatif pour plusieurs joueurs. Certains imposent trop d’idées, ne laissant pas de place à l’autre équipe; d’autres abandonnent complètement leurs caucus, se fondant à l’amorce de l’autre. Cet exercice vise reproduire une situation de mixte afin de développer la capacité à intégrer et respecter les idées des autres tout en gardant des éléments de son propre caucus. Lorsqu’on combine les deux idées, on en crée une nouvelle, donnant une improvisation potentiellement plus créative et originale que les caucus l’auraient fait séparément.
Rares sont les occasions où le contenu du caucus est complètement représenté dans l’improvisation, et ce n’est pas quelque chose à se reprocher. Le caucus est un outil de remue-méninges et une source d’inspiration, mais ne sont pas là loi. Les joueurs doivent être ouverts aux idées qui changent et se transforment, et faire le deuil des idées qu’ils n’ont pas pu utiliser. À la base, c’est un point de départ qui permet l’exploration de multiples différents voies par la suite. L’exercice ci-dessus aide donc à habituer les joueurs à cette réalité.