Atelier de base : Dans le même univers

Par Isabel Goguen

Le blogue trouve important d’offrir des ateliers de base que l’on donne habituellement aux improvisateurs comme ressource aux nouveaux entraîneurs et pédagogues de l’impro. Pour le lecteur plus expérimenté, nous analyserons chaque atelier afin d’identifier quels atouts sont développés par son entremise.

Atelier

Les joueurs sont divisés en groupes de deux. Le premier duo joue une improvisation d’une durée de 2 minutes sur un thème donné. À tour de rôle, chaque groupe suivant fait une improvisation de 2 minutes qui existe dans le même univers que les improvisations déjà présentées, bâtissant sur ce qui a été établi afin d’en faire une longue histoire collaborative. Sans thème additionnel, tous les joueurs incarnent différents personnages, mais doivent respecter le ton et l’histoire tels que définis jusqu’à présent. Ils peuvent puiser dans les détails d’une ou plusieurs improvisations antérieures afin d’informer leur intervention, par exemple s’inspirant du lieu, du type d’histoire, de la situation, d’un objet central, des personnages mentionnées ou autrement cohérents dans le contexte. Bien que toutes les improvisations appartiennent à une même histoire, chacune doit être un moment complet qui pourrait exister toute seule. Le premier groupe peut retourner faire une dernière improvisation à la fin, avec les mêmes personnages ou des différents.

57618261_2573625379378577_9057052842816176128_o

Selon le niveau d’expérience des joueurs, deux options s’offrent : 1- Chaque groupe reçoit 20 secondes de caucus avant de débuter son improvisation, ou 2- chaque groupe commence son improvisation sans consultation, directement après la précédente, tel qu’on le ferait dans le cas d’une poursuite. Alternativement, les joueurs peuvent faire une ronde avec caucus, puis une deuxième ronde sans caucus.  

Voici un exemple :

1e improvisation : Deux aventuriers entrent dans une forêt mystérieuse.

2e improvisation : Un sorcier et son assistant planifient d’ensorceler les aventuriers.

3e improvisation : Les parents des aventuriers s’inquiètent.

4e improvisation : Deux villageois entrent dans la forêt à leur recherche. 

5e improvisation : On voit l’enfance des deux aventuriers.

6e improvisation : Le sorcier vaincu, le village célèbre avec un festin.

On peut lancer un défi supplémentaire en imposant un ton ou style particulier à la série d’improvisations avec des catégories traditionnelles, comme la dramatique ou la chantée, ou une à la manière de, comme la tragédie grecque. Ainsi, les joueurs doivent utiliser le ton ou style pour informer leur histoire, personnages, façon de s’exprimer, etc.

58654727_2575411015866680_8694300660910260224_o

Pourquoi c’est utile

Lorsqu’on joue une improvisation, il devrait être impossible de manquer d’idées parce que les opportunités sont partout autour de soi. En utilisant son écoute et sa mémoire pour les percevoir, il est possible de faire évoluer la situation actuelle pour aller vers l’avant. 

En réfléchissant aux lieux qu’on a créés, et aux objets et personnages qui pourraient s’y trouver, il est possible de s’appuyer sur ces informations pour relancer son improvisation dans une nouvelle direction et alimenter l’histoire. Peut-être que les canoës mentionnés dans la première minute peuvent devenir pertinents dans la troisième? Est-ce qu’il pourrait y avoir un médecin sur son vaisseau spatial? Est-ce qu’on peut quitter ce parc et se rendre au festival? Le lavabo qui coule depuis le début pourrait-il causer une inondation? Quand on propose une idée ou mentionne un détail, ils sont instantanément vrais et ce, pour le reste de l’improvisation. Ainsi, ils restent à la disposition des joueurs. À l’inverse, lorsqu’on propose une idée, il ne faut pas se restreindre à ce que ce soit la seule idée. Des parties de l’histoire peuvent se terminer, des lieux peuvent changer, des personnages peuvent partir; on a le droit de s’éloigner du caucus et du début de l’improvisation afin de maintenir une histoire intéressante. 

58600105_2573598739381241_5395973490790629376_o

 

Cette réflexion est autant importante pour les moteurs que les 3e joueurs qui se lancent dans une improvisation stagnante. En regardant ce qui a été dit et fait, le 3e joueur peut ajouter un personnage ou une situation utile à faire avancer l’improvisation, sans oublier le ton ou style de l’histoire en développement. En faisant cet exercice, on doit se poser plusieurs questions : Est-ce que mon idée est cohérente dans l’univers? Est-ce que mon idée est répétitive à ce qu’on a déjà vu? Quelles sortes de personnages n’a-t-on pas encore vu? Cette analyse permet d’identifier ce dont l’improvisation a besoin, sans perdre de vue ce qu’elle a été et est présentement.  

En plus de pratiquer une forme de la poursuite, cet exercice permet de faire évoluer une prémisse de base pendant un caucus. Face à un thème qui sous-entend une aventure, il est facile de présenter la même improvisation d’aventuriers que l’on a vu des millions de fois. Mais en aiguisant notre capacité de voir la même histoire sous plusieurs angles, on peut opter pour un point de vue plus créatif.

Vous voulez écrire un article? Communiquez avec nous à improvisationnb@gmail.com!

Laisser un commentaire