Par Michel M. Albert
Au hockey, sur quoi l’impro-match classique est calqué, l’entraîneur ne porte pas de jersey d’équipe. Il est plutôt en habit complet, veston, cravate, comme s’il était dans un environnement formel et pas en train de cracher ses écailles de graines de tournesol à terre dans une arena comme un animal. Dans un tel contexte, l’habit est tout autant un « uniforme ».
En improvisation, on a plutôt laissé ça au choix. La majorité des entraîneurs font trêve de tout costume, voulant paraître invisibles, peut-être, à côté de leur équipe colorée. Cela n’ajoute pas visuellement au spectacle, mais ces entraîneurs semblent silencieusement renforcer le message d’humilité sous-entendu par le jeu de l’improvisation – ce n’est pas à propos de soi, c’est à propos de l’équipe.

Cependant, certains entraîneurs proviennent davantage d’une tradition de joueur, ont même peut-être déjà fait partie de l’équipe qu’ils entraînent maintenant. Dans de tels cas, il n’est pas rare de les voir enfilé le dossard de l’équipe même en tant qu’entraîneur. Parfois, c’est à l’insistance des joueurs, qui font même cadeau d’un chandail à leur mentor, pour lui dire : Tu fais partie de l’équipe. Visuellement, une telle équipe présente une unité. La hiérarchie habituelle n’est pas renforcée par les uniformes, l’entraîneur n’est pas « à part » ni « plus important ». Parce que bien qu’il est vrai qu’entraîner sans costume dit « ce n’est pas à propos de moi », ça peut aussi dire « je suis le maître qui contrôle l’équipe, le seul individu alors que les autres sont des pantins interchangeables ».
Ceci dit, petite anecdote. Je portais le même chandail bleu et or que mon équipe à la Coupe universitaire d’improvisation en 1994 et le maître de cérémonie/statisticien n’arrêtait pas de me harceler que c’était mêlant, même si je lui assurais que je n’allais pas entrer en scène. Colon. Mais la prochaine fois que je m’y suis présenté comme entraîneur, j’ai plutôt opté pour la version « home » (blanche) du chandail pour faire la différence. Une autre belle option pour les équipes qui ont de la longévité, c’est la plus vielle version du chandail, un rappel de l’histoire qu’a la formation.

Enfin, c’est rare, mais un entraîneur peut faire comme au hockey et s’endimancher. Veston-cravate ou autre, celui-ci a définitivement un « costume » d’entraîneur qu’on reconnaît de match en match. Sans aller trop loin (full mascotte ou autre distraction), cela ajoute une touche de style qui agit comme compromis entre les deux premières options. Il y a un visuel qui ajoute au spectacle, mais l’entraîneur se distingue quand même des joueurs et ne se fera par harceler par le statisticien de la CUI’94.
Et quand on ouvre notre garde-robe le matin d’un tournoi, ce sont peut-être les deux questions qu’on cherche à répondre.
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