Par Guyane Pelletier
Je m’en souviens comme si c’était hier, j’avais 10 ans. Nous étions tous assis dans la petite salle à dîner du personnel et le fils de mon éducatrice arriva à la garderie que je fréquentais pour nous parler d’improvisation. C’est ce jour-là que je jouai mon tout premier match non-officiel et que je su que l’improvisation occuperait désormais une très grande place dans ma vie.

Bien des années sont passées depuis. Au fil des ans, j’ai appris à devenir une meilleure joueuse, une meilleure coéquipière et, j’ose espérer, une meilleure entraîneure, mais j’ai aussi obtenu le plus grand rôle de ma vie, dans une impro qui dure bien plus que 10 minutes et où toutes les catégories sont confondues : je suis devenue maman. Aussi étrange que cela puisse paraître, vous n’avez pas idée à quel point l’impro m’est utile dans mon rôle de mère. Quand on devient parent, on improvise au quotidien, parce que ces petits êtres, plein à la fois d’amour, d’énergie et de caractère, ne viennent pas avec un mode d’emploi. À tous les jours, nous sommes dans cette grande arène de la vie, ne sachant pas trop où tout cela nous mènera, attendant le coup de sifflet qui marquera l’heure du dodo des marmots, et anticipant le thème de la journée suivante selon leur humeur au petit matin. En tant que parents, nous devons inventer, assumer, expliquer, imaginer, écouter, collaborer, nous transformer, nous dépasser, nous tromper et j’en passe. N’est-ce pas exactement ce que font tous les joueurs d’impro?

Puis, arrive le moment où tu peux transmettre cette passion à tes enfants. Ça, c’est magique! Quand ton petit bonhomme de 5 ans te fait une improvisation chantée, en prenant son bain, sans même s’en rendre compte, tu prends conscience qu’il possède un talent similaire au tien, et quelle fierté ce simple petit moment t’apporte. Quand ton second petit garçon de 3 ans s’amuse calmement avec ses petites figurines, leur crée un monde complètement hallucinant et que tu pourrais l’écouter et l’admirer jouer pendant des heures parce qu’il te fascine et que tu sais pertinemment que cette créativité lui sera tellement utile plus tard, tu te donnes une petite tape dans le dos parce que tu te dis que tu as su piquer sa curiosité sur la beauté et l’immensité de l’imaginaire. Quand ton conjoint, accompagné de vos deux jeunes enfants, prend la peine de venir te rejoindre dans un tournoi à 4 heures de route de la maison et d’assister à chacun de tes matchs parce qu’il sait à quel point ce sport t’es cher, et que tu tiens à ces précieux souvenirs, ça n’a pas de prix. De plus, c’est si mignon quand tes enfants, même à un jeune âge, ont un joueur préféré, s’identifient à l’un d’eux et observent avec attention ce joueur dans l’arène. Lorsque mes fils assistent à un match d’impro, ils développent leur écoute, leur attention, leur sens de l’observation et leur esprit critique, car ils doivent ensuite voter pour la meilleure improvisation (et croyez-moi, mon plus vieux prend cette partie très au sérieux). Ils constatent aussi que les personnages solides et bien définis sont plus faciles à suivre et à apprécier, et comprennent qu’une histoire est bien plus pertinente lorsqu’elle a un début, un milieu et une fin. Je suis convaincue que lorsqu’ils auront à rédiger des textes à l’école, dans les années à venir, ils y songeront. Du moins, j’ose espérer! Ça reste à voir…

Bref, l’improvisation fait partie intégrante de la famille Pelletier-Chouinard. Mes fils ont découvert cet univers à un très jeune âge. En fait, j’allaitais notre fils aîné pendant les pratiques avec mon équipe de l’école Aux Quatre Vents, et notre cadet a assisté à son premier tournoi à l’âge de 6 semaines. Ça vous donne une idée. Bien entendu, nous n’obligerons jamais nos enfants à pratiquer un sport ou une discipline qui ne les intéresse pas. Cependant, puisque l’impro continue de piquer leur curiosité, nous comptons bien continuer à l’intégrer dans notre quotidien, car nous croyons sincèrement que cette discipline saura apporter du positif à nos enfants tout au long de leur vie. Non seulement développeront-ils leur créativité, mais ils tisseront aussi de précieux liens, sortiront de leur zone de confort, feront de belles rencontres, et vivront une panoplie de moments inoubliables. J’encourage fortement tous les parents de ce monde à initier leurs enfants à l’improvisation, car ils n’en retireront que du bon. Paroles de joueuse, de prof, d’entraîneure… de maman!
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