Par Isabel Goguen
On mentionne souvent la valeur de regarder des films pour développer sa culture, y découvrant des pistes pour étendre son vocabulaire de personnages et d’histoires. Avec l’arrivée du match en ligne, on découvre une nouvelle facette à puiser dans ces mêmes films : la cinématographie.
Lorsque l’on joue dans une arène en personne, le public peut capter TOUT ce qui se déroule sur scène en même temps, ou encore se laisser distraire dans une direction ou une autre, s’éloignant de l’univers qui se construit entre les quatre bandes. Toutefois, quand on approche le match en ligne, notre arène est plutôt formée des quatre bordures de l’écran, et la caméra de notre ordinateur ou téléphone devient l’œil du public. Les joueurs reçoivent donc soudainement la capacité de guider ou contrôler l’attention des spectateurs. La caméra et son utilisation s’ajoutent ainsi à la boîte à outils à la disposition de l’improvisateur.
À mesure qu’on explore ce nouveau format en ligne, les joueurs peuvent réfléchir à la place qu’ils occupent devant la caméra et comment celle-ci fournie des informations au public, affecte le déroulement de l’histoire, représente les personnages, et crée des effets ou tons. Quelles sont les impacts de se positionner au centre du plan versus laisser des espaces vides en se plaçant à droite, à gauche, en haut ou en bas de celui-ci? En se tenant loin de la caméra, un joueur peut opter pour une mise en scène qui utilise davantage le jeu physique et le corps puisqu’il apparaît plus à l’écran. En se rapprochant le visage très près de la caméra, il peut montrer des expressions faciales subtiles, permettant au public de s’investir dans l’émotion du personnage. Ou il peut créer une profondeur en ayant à la fois quelque chose près et quelque chose loin de l’objectif de la caméra, que ce soit une main étirée vers celui-ci ou de différents objets pendant une catégorie marionnette.
Est-ce que l’impro serait mieux servie avec une caméra statique ou bénéficierait-elle de mouvement, qu’il soit subtile, occasionnel, ou significatif? Et si on s’aventurait dans des angles étranges pour produire une atmosphère ou un ton, par exemple la désorientation ou la peur. Et quel genre d’effet créerait un joueur qui se cache partiellement ou totalement de la caméra? À ne pas oublier que lorsque plus d’un joueur est en jeu, plus d’une caméra est activée, agissant indépendamment l’une de l’autre. Comment celles-ci peuvent-elles se complémenter, se contraster, se parler?
Toutes ces possibilités existent et c’est le travail de l’improvisateur à faire des choix afin de construire et présenter une histoire engageante et dynamique. En regardant des films et en s’informant sur le langage visuel qu’ils utilisent, un improvisateur s’outille pour transmettre les messages et les effets voulus, sans explications explicites, à travers la cinématographie.
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