…ou comment créer un groupe semi-cohérent et gérer c’te mess-là

Par Marc-Samuel Larocque

À moins d’avoir été capitaine dans une ligue comme la LICUM ou la LIC, d’avoir bâtit une équipe pour un des tournois adultes ou, soyons honnête, d’avoir une sacrée bonne relation avec votre entraîneur au secondaire, la construction d’équipe et la gestion du banc ne sont pas des aspects très connus de la discipline qu’est l’improvisation.

Pourtant, tout bon tournoi et toute bonne ligue sont conditionnels à la participation d’équipes qui sont équilibrée, tant au niveau de la répartition des rôles classiques, des forces de chacun mais aussi de l’expérience présente sur le banc.

T’es quel type, toé?

Pour expliquer clairement ma pensée, l’équipe idéale devrait viser avoir :

Un gun : Insérez ici les gros joueurs de votre temps.

C’est souvent la personne avec une grande expérience de jeu, qui a également dans sa poche la majorité du public. Un exemple de gun (qui pourtant est trop souvent oublié selon moi) serait Joseph « Joe » McNally, qui avait le pouvoir de faire rire la salle au complet en disant simplement « Hey! ». Le gun permet d’aller chercher un ou deux points en fin de partie, en plus de donner, 9 fois sur 10, un excellent show. C’est une joueuse ou un joueur qui est « sure shot ».

CEPENDANT, on pourrait croire que bâtir une équipe exclusivement de guns assure la victoire. Euuuuhhh non, pas pantoute, j’ai tu dis ça ? NON, BON! Un gun, ça prend de la place sur un banc et ça prend de la place dans un match. Généralement, il veut jouer 12 impro sur 8 et est toujours prêt à sauter sur la glace. Une équipe avec deux guns peut être difficile à gérer, si ces deux personnes sont en compétition l’une contre l’autre.

Un ou deux plombiers : Mon. Type. Préféré!

C’est la personne qui est toujours, et je veux dire TOUJOURS, prête à sauter sur la glace. Beau temps, mauvais temps, cette personne veut jouer et veut aider son équipe. Pas de caucus? Pas de stress, elle va suivre le caucus de l’autre équipe. Une catégorie que personne dans l’équipe n’aime (#LaRimée), encore, pas de stress, elle va s’efforcer de rimer de son mieux et est généralement de toute façon polyvalente dans la majorité des catégories. Je considère qu’il est plus important d’avoir un plombier d’expérience, une personne qui veut être là pour l’équipe, que d’avoir un gun très populaire. Pour le bien du banc et pour le bien de la foule.

La personne qui construit : ze moteur!

Assez évident comme rôle, c’est la personne qui a de l’imagination à revendre. Qui peut écrire dans sa tête une impro de 16 minutes avec comme thème : « Rouge ». Cette personne va généralement être celle qu’on lance dans l’improvisoire, afin de permettre aux autres types de faire des troisièmes et quatrièmes personnages. Elle est allergique aux statismes.

La personne du département : L’artissse théâtral

Blague à part (j’vous aime-là!), cette personne a une capacité théâtrale plus développée que la majorité de son équipe. L’impro étant à la base un spectacle, avoir sur son banc une personne qui peut pleurer on demand et/ou nous vendre tous les types de personnages, c’est très pratique. Souvent utilisée pour les catégories, ou en appui au gun, de par son talent de scène, elle récolte les honneurs, que ce soit les points ou les étoiles. À souligner, cette personne n’est pas nécessairement drôle, mais apporte un élément de « vrai » qui vient toucher le public et qui marque la mémoire des gens.

Évidemment, il a d’autres archétypes, mais dans mon expérience, on voit ces 4 types plus souvent qu’autrement.

La gestion du banc
…ou comment jouer le moniteur de garderie va vous aider à gagner.

Maintenant que vous avez votre belle gang de champions, on gère ça comment un banc pour avoir un semblant de cohérence?

Il est important, avant la première partie de la saison, si possible, d’avoir une discussion franche et honnête avec l’équipe. Tout le monde doit être sur la même longueur d’onde quant à ses forces, ses faiblesses et sa raison d’avoir été choisi pour faire partie de cette équipe.

On peut faire ça de plusieurs façons, mais la plus simple et la plus directe est d’expliquer clairement les rôles de chacun (voir plus haut, mais sérieusement, vous venez de le lire, ça devrait encore être frais dans votre mémoire).

ATTENTION, on ne doit pas non plus tomber dans le piège de catégoriser les joueuses et les joueurs dans un seul rôle précis. La majorité des guns sont capables d’être d’excellents moteurs, la plupart des théatreux peuvent très bien faire le plombier ici et là. La capacité forte d’une personne ne la définit pas complètement. On doit cependant être conscient du rôle de chacun, car les caucus sont très courts, les matchs se déroulent rapidement et lorsque l’on est en jeu, on ne peut pas discuter avec le banc ou recevoir d’informations de celui-ci. Il est donc primordial que tout le monde comprenne la chimie qui lie le groupe et que chacun y mette du sien.

Il est aussi primordial, en tant que capitaine ou entraîneur.e, d’avoir une vision globale du temps de jeu de chacun et de l’évolution de votre équipe à chaque partie. Peut-être que vous avez quelqu’un qui joue très bien, mais qui manque d’idées au caucus, ou au contraire, un plein banc d’écrivains, mais personne pour sauter sur la (proverbiale) glace. Vous devez répartir les tâches et, si nécessaire, jouer le rôle de médiateur ou même d’arbitre dans votre propre équipe. Demandez à votre personne créative de donner ses idées, en soulignant précisément que c’est votre personne peut-être un peu moins forte en caucus qui va jouer cette impro. Non seulement tout le monde est au courant de ce qui se passe, mais ça permet de créer la chimie d’équipe (d’un groupe qui s’aide et qui se soutient) qui est nécessaire dans cette discipline casse-cou qu’est l’improvisation.

Le but principal, à la fin de la partie, est que le public et les équipes passent un bon moment.

La volonté de donner un bon spectacle et d’avoir une vraie attention aux différentes facettes du jeu, c’est ce qui, pour moi, définit une bonne équipe.

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