L’après-COVID

Par Alain Degrâce

L’annonce du passage à la zone verte par le gouvernement provincial la semaine dernière est une nouvelle fort agréable. Pour nous, les improvisateurs, c’est une des dernières étapes qui nous rapproche du retour au jeu tant attendu sur une scène dans une nouvelle normalité. J’ai décidé de sortir ma vieille boule de cristal et de m’imaginer qu’est-ce qui se passera lorsque j’enfilerai mon chandail d’impro la prochaine fois qu’un public se sera déplacé pour venir nous voir improviser pour lui.

Qu’en est-il donc de ce retour dans les arènes? Près de dix-huit mois se sont écoulés depuis le tout premier confinement qui empêchait les amateurs d’impro de se retrouver pour jouer ensemble. Cette absence prolongée entraînera des répercussions, j’en suis certain. Mais qu’arrivera-t-il au juste?

Je pense que l’on peut classer les improvisateurs du Nouveau-Brunswick en trois catégories. D’abord, il y a ceux qui étaient actifs, participant à une ou deux ligues ou à un programme scolaire sur une base régulière. Ces joueurs manifesteront certainement de la rouille à leur retour. L’arrêt affectera peut-être davantage les joueurs moins expérimentés qui avaient besoin de jouer régulièrement pour développer leurs repères en jouant.

Dans le second groupe, je note les personnes qui jouaient déjà de manière sporadique, des improvisateurs qui ont déjà pris congé de l’impro par le passé ou qui ne jouent qu’une fois par année dans le cadre d’une ligue estivale ou d’un tournoi. Ces personnes ne ressentiront probablement pas les mêmes difficultés que le premier groupe. Finalement, le troisième et dernier groupe est composé de joueurs qui reviendront au jeu après une très longue pause. COVID ou non, je pense que ces gens ne noteront pas une grande différence.

Cela dit, je pense que tous les improvisatrices et les improvisateurs, tous groupes confondus, auront d’abord de la difficulté au niveau de l’écoute pendant les improvisations, que ce soit en comparée ou en mixte. Le manque d’échanges en mode social aura des séquelles au début des pratiques et des matchs d’improvisation. La mise en scène souffrira également, car les joueurs chercheront à s’inspirer de ce qu’ils ont vécu depuis un an et demi. Des improvisations qui mentionneront les protocoles sanitaires, le virus ou les complotistes risquent de supplanter les bonnes vieilles improvisations mettant en vedette les chicanes de couple ou de colocs quand l’inspiration ne sera pas au rendez-vous à cause de caucus faibles.

En réfléchissant à d’autres éléments qui pourraient être influencés par ce que nous avons vécu ensemble, je pensais d’abord que les contacts physiques entre les joueurs pourraient être moins fréquents. En revanche, depuis quelques semaines, alors que la confiance s’installe chez les gens vaccinés, je remarque que le contact humain revient plus vite que je ne l’aurais cru. Donc, je me permets de prédire que ce ne sera pas long avant que les joueurs abandonnent la distanciation sociale et les contacts physiques en improvisation. Aussi, je m’imaginais d’abord que le public ne serait peut-être pas aussi présent. Je suis content de rapporter que depuis quelques semaines, chez nos voisins québécois, les ligues reprennent petit à petit leurs activités et que les spectateurs sont au rendez-vous! Je suis confiant que ce sera pareil ici.

Avant de conclure, j’aimerais mentionner l’apport qu’amènera les matchs d’impro qui ont eu lieu en ligne, comme ceux de la Click. J’ai l’impression que la liberté de création à laquelle nous avons eu droit à travers le format de match par Internet s’ajustera peut-être difficilement à la formule plus Gravélienne. En utilisant l’exemple concret de la Click, ses participants devront rajuster le tir après avoir eu l’opportunité d’explorer des formes d’écriture qui ne se prêtent pas aux quatre bandes et à la scène. L’approche plus relaxe, avec une invitation à déborder du canevas offert, ne sera pas à répéter devant un public en présentiel. Sachant que la Click continuera d’opérer en parallèle est une nouvelle que j’accueille avec beaucoup de joie. Les deux formes de spectacle se complémenteront bien et faciliteront le tracé d’une ligne qui aidera à distinguer celles-ci.

Je termine en mentionnant que personnellement, avant la pause forcée due au COVID, j’avais déjà ralenti le nombre de mes présences sur scène. Au départ, confiné dans ma maison, elle me manquait moins. Mais maintenant, j’avoue avoir très hâte de renouer avec ma passion et j’ai hâte de voir ce que l’avenir nous réserve.

Vous voulez écrire un article? Communiquez avec nous à improvisationnb@gmail.com!

Laisser un commentaire