La rimée et le mouvement

Par Isabel Goguen

Imagine une rimée. Qu’est-ce que tu vois? Probablement deux personnes, les rimeurs du groupe ou les heureux élus terrifiés, debouts au centre de l’arène en train de se parler. Occasionnellement, un des joueurs bougera son bras pour souligner comment littéraire qu’il est en train d’être.

Des fois, on oublie qu’une rimée, c’est également une improvisation. Bien que la rimée met l’attention sur la verbomotricité, il reste tout autant important de créer une histoire, des personnages ainsi que des lieux, et le jeu physique appuie grandement la représentation et l’alimentation de ces aspects. Le phénomène est naturel : Notre corps reste essentiellement fixe pendant que toute notre énergie se redirige vers notre cerveau qui cherche désespérément un mot qui rime avec chaise.

Se déplacer, bouger, mimer pendant une rimée à des avantages importants. Lorsqu’on incorpore des actions mimées, on se donne simultanément quelques secondes pour penser à des rimes avant de reprendre la parole. Il n’est pas strictement nécessaire de rimer pendant toutes les secondes d’une telle impro. Évidemment, il faut rimer la majorité du temps, mais il y a certainement de la place pour respirer. On peut prendre un instant pour vivre une émotion en silence, faisant usage des expressions faciales, ou pour se brosser les dents sans négliger les besoins de la catégorie. Sort ta tarte du fourneau et en même temps tu trouveras peut-être la rime qui te manque pour pacane.

Un autre bienfait d’être en mouvement pendant une rimée est que ça nourrit les rimes. Le jeu physique permet d’interagir avec son environnement, de donner une physicalité à son personnage et de réagir aux situation par son mime. Sais-tu ce qui ne nous donne pas d’idées? Être juste debout là. Les rimées ont tendance à s’appuyer sur les descriptions, en partie parce qu’on regarde autour de soi et qu’on annonce « Regarde là-bas une montagne! Je tiens un verre de champagne! Que c’est beau la campagne! Je suis contente que tu m’accompagnes! » Bien qu’on ait parfaitement rimé, on n’a pas vraiment fait avancé l’histoire trop trop – on a surtout commenté sur l’environnement. Même si une rimée est de nature plus descriptive, puisque le défi est centré sur la parole, ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas utiliser son jeu physique pour montrer certaines actions ou éléments de l’histoire plutôt que de les expliquer. Et ces actions pourront propulser la progression de l’intrigue, stimulant le déplacement et les changements de lieux, et conséquemment, les rimes à suivre.

L’ajout du jeu physique fait également de sorte que chaque rimée soit moins semblable aux autres. Quoiqu’il y aura toujours de la place pour les impros conversationnelles de style bataille d’esprit, ce serait plaisant de voir des scénarios et styles plus créatifs et inusités en rimée. Je veux voir plus de rimées qui se déroulent en sautant d’un avion, pendant un match de soccer, en s’évadant par une fenêtre! Injectez du jeu physique et voyez où ça vous apporte!

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