Par Michel M. Albert
L’écriture automatique se définit comme « un mode d’écriture dans lequel n’interviennent ni la conscience ni la volonté ». Technique développée au 19ème siècle, on parlait alors de déverrouiller la sincérité de l’écrivain, de se surprendre soi-même, de se faire peur. Une écriture sans égo, sans filtre, qui laisse les erreurs et les bonnes idées partager la feuille de papier. Au début du 20ème siècle, les surréalistes s’en emparent pour créer des images plus vraisemblablement issues du subconscient.
Et par la fin des années 70s, ne devient-elle pas un peu… l’improvisation? La description ci-dessus nous est certainement familière.
L’écriture automatique est en fait un exercice que l’improvisateur peut tenter par lui-même pour peaufiner ses habiletés. Il ne suffit que de s’asseoir avec une page blanche et, soit sans prompt ou avec un thème choisi au hasard, commencer à écrire. Écrire sans s’arrêter pour penser ou corriger ou (si on décide de le faire à l’ordinateur) sans retourner en arrière. Le but est de se rendre à la fin de la page, ou plus loin si l’automatisme nous emporte.
Dans l’écriture automatique traditionnelle, il s’agit d’un portrait de la façon dont le cerveau fonctionne. Le texte pourrait sauter du coq à l’âne, faire abstention de toute ponctuation, être plus prêt de la poésie que de la prose. Et il est possible que votre propre écriture automatique soit comme cela. Mais en tant qu’improvisateur, les chances sont bonnes qu’on y verra là quelque chose qui s’apparente d’avantage à une histoire. En modifiant le principe de l’écriture automatique, on peut décider à l’avance qu’il s’agira d’une histoire racontée, mais la technique reste la même – on écrit sans arrêt, sans penser, sans juger, sans se corriger.

Maintenant, évaluons ce que l’on a écrit. Imaginons qu’il s’agit d’une impro, c’est-à-dire d’une histoire racontée. Soulevez les moments qui vous surprennent et qui sont inusités. Identifiez les clichés, ces « idées toutes faites » qui sont sorties automatiquement. Rayez ce qui est inutile, les parenthèses, les à-côtés et les culs-de-sac – est-ce qu’il y a encore là une improvisation potable?
On peut imaginer que laissés à nos propres moyens dans l’arène, voilà ce que nous produirions. Quelle sorte de note se donne-t-on en termes de cohérence, d’originalité, et de pertinence?
En refaisant l’exercice régulièrement, on raffinera ces éléments et on apprendra à AUTOMATIQUEMENT éviter le cliché et les éléments inutiles, tout en laissant l’histoire et le personnage évoluer de façon plus organique. Et ce, sans prendre de pause pour penser, se juger, se corriger. L’impro la plus pure et honnête, en d’autres mots.
Bon, maintenant… À vos crayons ou claviers et… écrivez!
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