Le streaming et l’improvisation

Par Joëlle Martin

Êtes-vous sur Twitch? Peut-être profitez-vous de cette plateforme depuis longtemps. Peut-être que c’est nouveau pour vous. Si une chose est certaine, c’est que la plateforme a pris de l’ampleur pendant la pandémie. Comme nous l’apprend Nicolas Pham dans son reportage sur le streaming, à n’importe quel moment, il y a environ 100 000 diffusions live dans le monde, sur Twitch uniquement. Parlons-en. Voici le premier d’une série sur mes observations des liens entre l’improvisation et le streaming.

Partie 1

Le spectacle

De nos jours, on ne stream pas seulement des jeux vidéo, mais bien toute sorte de contenu – musique, cuisine, art visuel, spectacles divers… Par moments, ça ressemble drôlement à un talent show ou un open mic. On se rapproche encore plus du spectacle avec des événements spéciaux et les chaînes de discussions. La catégorie « just chatting », réservée aux discussions et à la variété, prend de l’ampleur sur la plateforme Twitch. Pendant que j’écris ces mots, il y a plus de 365 000 personnes qui écoutent une chaîne « Just chatting ».

Pourquoi un improvisateur voudrait-il faire du streaming? Le lien est simple, mais efficace : parce que faire un Live, c’est une grosse impro de plusieurs heures. Bien que nous soyons en retard comparativement à nos cousins québécois, la diffusion en direct acadienne et francophone prend de plus en plus de place sur le web. J’observe que plusieurs (la majorité à mon avis) des créateurs de contenu acadiens qui s’affichent sur Twitch sont d’anciens improvisateurs. Cette popularité montante du streaming apporte son lot de diversité chez les créateurs. Plus besoin d’être le meilleur ou le plus vite à un jeu vidéo niche pour avoir du succès. N’importe qui avec une bonne connexion Internet et un téléphone intelligent peut se produire lui-même en spectacle. C’est beaucoup plus complexe que ça, oui, mais à la base le streaming peut être une activité accessible.

Le joueur

En impro, les joueurs sont souvent aussi ceux qui organisent le spectacle. Les gestionnaires de ligues, les responsables du son et de l’éclairage, les entraîneurs, les arbitres, les animateurs, les personnes à la porte… Comme improvisateur, on a eu à porter plusieurs chapeaux afin de se produire en spectacle.

Les créateurs de contenu se font maintenant demander d’être des animateurs, gestionnaires de communauté virtuelles, des producteurs en plus d’être bon à quelques jeux vidéo et de se donner en spectacle. C’est très « grass roots », et le lien avec l’impro est clair à ce niveau. 

Bien que le steamer soit seul dans son équipe, il joue quand même une grosse impro dès qu’il appuie sur « Lancer le direct ». Quand ça roule, le streamer est en personnage, et l’histoire commence. Les personnages secondaires, cachés derrière des pseudonymes divers entrent et sortent dans le chat.

Le streamer met en branle sa disponibilité, son écoute et son respect au point de vue technique et pour son chat. Il est disponible, il jongle avec les défis techniques (et autres) de manière efficace pour ne pas faire fuir la foule. À mesure que le stream avance, difficile de ne pas voir la vraie personne qui se présente à nous, qui écrit son histoire à mesure, et nous partage sa culture.

Les questions que nous pose Michel Albert dans son article à propos l’efficacité comme pilier de l’improvisation, le streamer se les pose constamment pendant un Live : « Est-ce que mon intervention sera utile? » « Est-ce que je freine l’action déjà en cours? » « Comment puis-je amener ce que j’ai à amener le plus simplement possible? ». 

À venir 

Dans les prochains articles, j’explore les liens entre le streaming et l’impro en comparant la foule et le chat, le thème et le jeu, l’arbitre et la modération, les votes et les bits, et je termine la série en vous présentant l’équipe étoile.

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