Par Isabel Goguen
Lorsque je joue de l’impro en présentiel, je ne me définirais pas comme le type de joueuse qui joue avec les accessoires permis. Mon chandail de joueur restera fermement sur mon corps du premier sifflet au dernier et les chances que je grimpe les bandes au cours du match sont minces. Toutefois, après quelques années de jouer en ligne, je me suis demandé si mes réflexes seront modifiés à mon retour en présentiel.
Il est certain que le jeu en ligne est beaucoup plus permissif quand ça vient à l’utilisation d’objets et de costumes, comme l’est la définition de l’espace de jeu alloué. Plutôt que me faire regretter l’absence de ces options en présentiel, je crois que le jeu en ligne a changé ma perception et mon appréciation des accessoires qui y sont légaux.
Où, dans le passé, je traitais surtout les bandes comme simple délimitation de l’espace de jeu, je me vois certainement plus intéressée qu’avant à explorer les possibilités créatives qu’elles représentent. L’utilisation de la caméra m’a habitué à réfléchir davantage au point de vue du public sur l’impro en cours. Les habiletés développées en manipulant la caméra se verseront potentiellement à la mise en scène incorporant les bandes. On peut distinguer les personnages à travers la hauteur en montant sur un coin des bandes; on peut se cacher partiellement ou totalement pour produire des effets en se positionnant derrière les coins ou la bande avant; on peut utiliser les murs pour appuyer son histoire; ou on peut explorer l’espace en avant de l’arène, si la bande avant est absente, pour créer des visuels engageants. Bien sûr, ces options étaient toujours là et plusieurs joueurs en font usage régulièrement, mais pour ma part, le jeu en ligne m’a encouragée à regarder autour de moi pour trouver la valeur, le potentiel et la variété fournis par ce qui est accessible.
Quant au chandail de joueur, il est vrai que ça demeure un outil qui permet de donner des indices visuels au public pour qu’il comprenne mieux un aspect d’un personnage ou d’un élément de la situation, sans explications supplémentaires (par exemple, un chandail autour de la taille pour montrer que le personnage porte un tablier en cuisinant). Cependant, je crois qu’un bon mime peut souvent présenter adéquatement les mêmes informations pour assurer que les spectateurs identifient ce qui se passe. Ce qui m’intéresse plutôt est l’idée de rendre le chandail de joueur l’un des focus de l’impro. Lorsqu’on joue une catégorie avec accessoire, l’objet doit être au centre de l’impro, alors pourquoi ne pas faire la même chose en libre. En appliquant les connaissances de l’art de la marionnette, il est possible de manipuler un chandail pour lui donner une personnalité, ou pour traduire au public un ou des changements qui surviennent, contribuant activement au déroulement de l’histoire ou au ton de la situation. Que ce soit un drapeau qui change de direction dans le vent, un fantôme qui hante une maison, ou un monstre sous son lit, le chandail est malléable et mobile, offrant une multitude d’opportunités artistiques.
Difficile de prédire si je me transforme soudainement en joueuse qui saute des bandes et porte son chandail de joueur comme une perruque, mais je soupçonne qu’au minimum, ce type d’idée me viendra plus facilement qu’auparavant grâce au jeu en ligne.
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