Par Donald Audet
L’analyse et la critique sont essentielles au développement des improvisateurs. Dans l’aspect compétitif de l’impro-match, elles servent à déterminer le pointage, alors que d’un point de vue artistique, elles offrent un regard sur l’appréciation de la représentation qu’ont les spectateurs.
La réaction du public est la première manifestation de cette appréciation, et les joueurs pourront adapter leur jeu selon les signaux transmis par l’auditoire. Mais la subjectivité de ces signaux à l’état brut rend souvent les messages ambigus et difficiles à interpréter. Pour contrebalancer ces réactions subjectives, les officiels doivent faire l’analyse la plus objective que possible.
Dans une bonne improvisation, les joueurs explorent sans retenue les différents thèmes. Ils créent de toute pièce un univers, embrassent les idées des autres et les fusionnent aux leurs, et provoquent des émotions aux spectateurs. La tâche des officiels consiste à comprendre les mécanismes qui capteront et garderont l’intérêt des spectateurs et à évaluer leur utilisation.
En tant que juge, on évaluera plusieurs critères : les personnages, la créativité, l’écoute, la construction, le ton et l’atmosphère, pour ne nommer que ceux-là. Pour moi, la meilleure méthode est de noter les différents éléments de chaque critère.
J’analyserai les personnages selon leur originalité, leur pertinence dans la trame narrative et l’authenticité de la personnification. Lorsqu’un joueur emprunte la peau d’un personnage, il doit l’habiter, même lorsqu’il ne parle pas. Les personnages doivent contribuer à la construction, à l’atmosphère.
Pour noter la construction, je regarderai l’apport de chaque équipe à la trame narrative, l’originalité dans l’interprétation du thème, et l’écoute entre les différents joueurs. Il est toujours plus intéressant de voir une situation prendre vie plutôt que de nous la faire raconter. Aussi, je noterai plus positivement les improvisations où une idée mène à une autre, relatives à celles où l’on impose son idée et bloque le mouvement organique de l’impro.
Les improvisateurs devront aussi créer des univers dans lesquels les personnages évolueront. Par leur jeu, ils doivent communiquer des lieux, des climats, des époques… C’est ce que j’évalue en matière de ton et d’atmosphère. J’observerai plus particulièrement comment on a relevé le défi imposé par une catégorie avec originalité pour raconter une histoire; comment l’arène (ou la caméra) a-t-elle été utilisée au service de l’improvisation; comment avec le ton, le rythme et la voix, a-t-on défini une atmosphère? Je noterai aussi comment les joueurs réagiront à ce qui a été établi précédemment.

L’évaluation que je ferai de ces différents éléments déterminera le résultat de l’improvisation que je communique aux statistiques, dans le cas du jeu en ligne, et je passe à l’impro suivante. Chacune est évaluée indépendamment, l’issue du match ne sera connue qu’à la fin.
Une autre tâche des juges est d’attribuer les étoiles. Celles-ci serviront à souligner l’apport d’un joueur au match. J’observerai les mêmes critères que pour l’évaluation des impros, en faisant ressortir comment, par son travail, sa témérité et sa générosité, il s’est démarqué et s’est dépassé.
Bien que des juges à certains niveaux aient remplacé le vote du public, il n’en demeure pas moins que l’interactivité avec public reste essentielle à l’improvisation. Par ses réactions et ses votes, il influence instantanément les improvisateurs et leur énergie, ce qui améliore le spectacle. Les juges ne font que contrer ou mitiger l’effet partisan et assurent un résultat plus équitable dans un contexte compétitif.
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