Par Michel M. Albert
Bien qu’il n’existe pas, proprement dit, de système de catégorisation de thèmes, les thèmes (et par ça, on veut dire les « titres » eux-mêmes sur le carton de thème) tombent tout de même dans certaines catégories larges : Le thème qui donne le personnage, celui qui donne le lieu, la situation. Le thème vague vs celui qui est très spécifique. Le jeu de mots, l’énumération, l’évocation poétique, l’homophone (prisé pour les comparées). Un arbitre essaie de jongler ces techniques d’écriture pour donner au match (et aux joueurs) une variété.
Et puis il y a la sorte de thème qui est la moins comprise des joueurs : Le méta-thème.
Ce sont ces thèmes qui commencent souvent avec « Improvisation… », par exemple « Improvisation écrite par une intelligence artificielle », « Improvisation bleue » ou même quelque chose comme « L’arbitre était endormi quand il a écrit ce thème ».
Ce que les joueurs comprennent trop souvent (à tort) : Que l’improvisation devrait mettre en scène des joueurs et arbitres qui jouent/font jouer une impro selon les conditions données dans le thème. Souvent, l’impro rendra une moquerie de l’arbitre du match, et des joueurs de la ligue ou de l’événement. Le public se posera des questions sur les « insides » sans trop comprendre pourquoi c’est drôle, et le thème sera « respecté » même si l’improvisation n’est pas particulièrement bonne.
Ce que les joueurs DEVRAIENT comprendre : Pareil comme en « à la manière de » on ne veut pas voir les cameramans ou les écrivains, on ne veut pas rendre le méta-thème en mettant en scène les improvisateurs. On veut voir L’IMPRO produite sous les conditions de la carte. Pour réutiliser nos exemples ci-dessus : Une impro telle que des A.I. (pas des humains) l’auraient faite; une impro qu’on pourrait appeler « bleue », selon comment les joueurs l’interprète; une impro dont le thème (non dit, donc au choix des joueurs) est paresseux ou fait une erreur d’inattention.
En aucun cas le public veut-il voir un faux arbitre commencer le sketch en lisant un thème, ou un faux caucus suivi d’une parodie d’une impro. On veut plonger dans le sketch lui-même directement. Il faut voir le méta-thème non pas comme une « impro à propos de l’impro », mais plutôt comme une catégorie-concept ou une sorte d’à la manière de. Notre premier exemple aurait pu avoir un autre titre greffé à la catégorie « à la manière d’une intelligence artificielle ». Notre second pourrait être sous l’énigmatique « Catégorie : Bleu! ». Et ainsi de suite. Mais en donnant la condition dans le titre lui-même, l’arbitre 1) n’a pas besoin de dépenser une de ses trois catégories sur un concept d’une fois, ni 2) changer les règlements. En effet, il crée aussi une opportunité pour les joueurs de 3) jouer sans thème ou décider de leur propre thème.
Le méta-thème est un défi intéressant dont on se prive quand on opte pour une interprétation littérale. S’il y a bien une sorte de thème où le littéral DOIT être évité, c’est bien celle-là.
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