Par Michel M. Albert
Je jasais avec un entraîneur d’équipes Jeunesse cet été et la question de QUAND laisser les joueurs pondre leurs propres idées en caucus est survenue. Genre, à quel âge? Est-ce que l’entraîneur devrait fournir les idées jusqu’à la 10e année, ou quoi? C’est évident que j’ai une opinion là-dessus, qu’elle n’est pas dans ma poche, et que bien que je sache que tous les entraîneurs ne seront pas d’accord avec moi, je la partage. Faites-en ce que vous en voulez.
Ma réaction, très simplement, était qu’il n’y a pas d’âge pour laisser les joueurs produire et mettre en action leurs propres idées – en effet, ils devraient apprendre à le faire LE PLUS TÔT POSSIBLE.
Il y a un réflexe chez certains entraîneurs, en particulier ceux qui ont été joueurs, de mener la charge en caucus. L’instinct est normal. On est sur un banc, on entend un thème, la tête nous explose d’idées, on est habitué à la partager. SURTOUT quand nos jeunes charges nous regardent, les yeux limpides, comme si, en raison de son âge et expérience, on semble avoir toutes les réponses. Oui, mais…
L’entraîneur ne joue pas. Ne peut pas entrer. Et ne peut pas mettre en action ses idées directement. Ça peut devenir frustrant. Pour cet entraîneur, il y a un danger important d’être souvent déçu, puis d’amener cette déception dans les rétroactions. On risque de ne jamais faire les joueurs se sentir à la hauteur. Si on les laisse pondre et mettre en action leurs propres idées, cependant, l’entraîneur risque plutôt d’être surpris, voire charmé, et d’évaluer les improvisations de ses joueurs de façon plus impartiale.
Pour le joueur, c’est encore plus important, parce qu’il n’a pas à interpréter une idée, mais tout simplement suivre la sienne où elle le guidera. Y a-t-il une corrélation entre l’impro qui se rend trop vite à la fin de son idée et stagne, et d’où l’idée venait originalement? Dans certains cas, peut-être. Si les joueurs essaient de mettre en action l’idée de l’entraîneur, ils ont peur de dépasser ses limites et de se rendre ailleurs. Pire, ils n’ont peut-être pas intégré la capacité d’avoir leurs propres idées.
Parce qu’ultimement, il est là l’enjeu. Si on donne aux plus jeunes joueurs toutes les idées, ce jeune joueur, rendu adolescent, aura développé le réflexe de se tourner vers l’entraîneur. Rendu dans les réseaux où il n’y a pas d’entraîneur sur le banc – universitaire ou civil – ce joueur sera sans soutien et aura de la difficulté en caucus, et de façon plus significative, en jeu. Parce que les idées ne peuvent pas se limiter au caucus. Avoir des idées, trier les bonnes des mauvaises, les mettre en action, et les adapter souplement aux gestes imprévisibles des autres joueurs, tout ça doit faire partie de la boîte à outils du joueur. Si l’entraîneur fait la première partie de ce travail, le joueur n’aura pas la base nécessaire pour accomplir le reste.
Et pour ramener ça à mon expérience personnelle, il n’y a rien de plus satisfaisant pour un entraîneur que de s’asseoir là et de regarder ses joueurs jouer et que tout va comme sur des roulettes, parce qu’ils ont appris à se passer du coach. Le travail, l’épanouissement, a tout eu lieu dans les pratiques…
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