Atelier : Apprendre le ridicule

Par Nicholas Berry

En improvisation, on essaie souvent d’être drôle, mais l’humour vient sous plusieurs formes. Comme l’Avatar, un improvisateur a beaucoup à gagner de maîtriser toutes les formes afin de maximiser sa versatilité. Par contre, la liste des styles humoristiques est bien plus longue que les éléments des 4 Nations (en espérant que vous comprenez ces allusions au Last Airbender), mais un que l’on oublie souvent de pratiquer est le style « silly » ou ridicule, même si on le voit souvent sur scène. Voici donc comment on peut travailler ce style afin de la maîtriser.

Comme n’importe quelle discipline, il est plus facile d’approcher un style en la décomposant. Être ridicule peut être divisé dans quatre techniques principales. Il en a sûrement d’autres, mais commençons par ces quatre.

La première est l’exagération. Afin de pratiquer celle-ci – et en même temps, réchauffer le groupe – on peut commencer en faisant les participants circuler dans l’espace normalement. L’animateur ensuite choisit des différentes parties du corps, une à la fois, desquelles les participants doivent exagérer le mouvement en circulant (ex. : exagérer la jambe gauche, la tête, le bras droit, etc.). On peut ensuite commencer à ajouter différentes parties du corps jusqu’à ce que les mouvements soient complètement exagérés. Une fois les participants bien réchauffés, on peut travailler les différents niveaux d’exagération. On peut par exemple faire une impro normale d’une durée X (selon le temps disponible et la grandeur du groupe). Une fois complétée, l’animateur demande aux participants de refaire l’impro, mais deux fois plus exagérée. Par la suite, l’impro est refaite à 3x, 4x et 10x plus exagérée afin de pratiquer les différents degrés d’intensité.

La deuxième technique est le contraste. Avoir deux composantes entièrement opposées qui se rencontrent dans une impro est une vraiment bonne méthode de créer un environnement propice au ridicule. Afin de mettre le contraste en pratique, l’animateur divise le groupe en deux et les place en position de caucus. Ensuite, l’animateur donne à un groupe les personnages (ex. : des avocats) et à l’autre groupe la situation (ex. : perdus dans l’espace). L’animateur doit ainsi proposer une combinaison personnages/situation qu’on ne verrait que rarement dans une impro et jamais en vraie vie. Chaque équipe fera un petit caucus pour décider qui entre, mais juste avant de commencer l’impro, les deux moteurs choisis présentent les personnages ou la situation qui leur ont été donnés. Les joueurs doivent ensuite faire une impro mixte avec les personnages et la situation donnée. L’exercice peut ensuite être répété en alternant qui reçoit quelle composante.

La troisième technique est le choc. On parle ici de l’introduction d’un nouvel aspect inattendu vers le milieu ou fin d’une impro. Afin de pratiquer cette technique, l’animateur propose une improvisation comparée avec le thème de son choix. Les participants jouent l’improvisation, mais vers la moitié de l’impro, l’animateur impose un changement qui viendra chambouler l’histoire. Les participants doivent donc réagir et s’adapter à ce changement. Après quelques exemples, l’animateur demande aux participants d’imposer un changement eux-mêmes à son signal. Le défi est de trouver un changement qui fait du sens dans l’histoire, mais qui est suffisamment inattendu pour créer le choc voulu.

La quatrième technique est l’assomption. On ne parle pas ici de la Vierge Marie, mais plutôt du fait d’assumer les choses qui sont présentées dans une impro. L’exercice demande aux participants de présenter une improvisation comparée, pendant laquelle l’animateur propose un changement de ton, de lieu ou de personnage chaque 30 secondes. Les personnes en jeu doivent absorber ce changement sans changer la prémisse de l’histoire. Par exemple, si l’impro présente une chicane de couple, le fait qu’on est soudainement dans une bibliothèque publique ne devrait pas changer ce fait, mais les actions et comportements des personnages devront bien sûr changer.

L’exagération, le contraste, le choc et l’assomption sont toutes des techniques très utiles individuellement, mais si une personne est capable de les combiner, elle pourra présenter une impro qui sera sans l’ombre du doute ridicule. Comme l’Avatar, l’équilibre est la clé. Choisir le bon moment pour sortir le ridicule peut faire une grande différence aux réactions du public.

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