Comment surmonter la défaite

Par Amélie Montour

À la suite de la fin de la saison des tournois secondaires ici au Nouveau-Brunswick, j’ai pensé que ce serait fort intéressant de réfléchir un peu sur les différentes façons que des entraîneurs ont, cette année et par le passé, géré les défis de leurs équipes, comme les mauvaises impros, les punitions et les défaites.

Martin Léger, ancien coach de l’École Mathieu-Martin de Dieppe, de son côté, tient à dire que c’est important que les jeunes apprennent à perdre. S’ils n’apprennent pas à gérer leurs émotions quand ils perdent, ils auront de la difficulté à se relever, en contexte de ligue ou de tournoi, quand c’est très important de garder un bon moral. L’impro se joue beaucoup dans la tête, et c’est facile de tomber dans un cercle vicieux où on se décourage de plus en plus à chaque point perdu.

Zachary Gallant, entraîenur actuel de l’École Mathieu-Martin, a des stratégies qu’il utilise sur le banc : « Pour remonter le moral des joueurs d’une équipe d’impro après une expérience négative, d’habitude, c’est important de la mettre de côté, parce que pendant la game, il faut vraiment que tu sois prêt pour le prochain caucus et la prochaine impro. » Zachary utilise des mots comme « blank slate », « Shake it out » et « Etch-a-sketch » pour encourager les jeunes à mettre de côté leur expérience négative pour le moment, et ne faire un retour sur le match qu’à la fin (au besoin), limitant l’effet négatif au cours du match lui-même. Il encourage aussi beaucoup ses joueurs à avoir du plaisir et à danser sur le banc.

Les entraîneurs, les joueurs, et parfois même leurs entourages, mettent parfois trop l’accent sur l’aspect compétitif et oublient l’importance de l’aspect théâtral du jeu. Émélie Caron, entraîneure de l’équipe du Centre scolaire Samuel-de-Champlain à Saint-Jean, essaie de contrer ceci: « J’instaure dès le début avec mes jeunes que l’impro est un spectacle. C’est comme du théâtre. Les deux équipes, l’arbitre, les juges de lignes… tout est pour le bénéfice du public. Je mets l’accent sur comment faire une bonne histoire, pourquoi les règles existent pour nous aider à faire une histoire, etc. »

Guyane Pelletier, entraîneure de l’École Aux Quatre Vents de Dalhousie, aborde aussi avec ses jeunes l’importance du spectacle : « C’est bien plus qu’une “partie à gagner”. Gagner sans avoir donné un spectacle ne donne pas grand-chose, dans le fond, en impro (à mes yeux, du moins). J’explique à mes jeunes qu’ils se souviendront éternellement des impros où ils ont brillé, même s’ils la perdent et que le point a été de l’autre côté. Ils l’ont d’ailleurs vécu en fin de semaine à certains moments, et ils ont compris tout le sens de ce que je tente de leur enseigner! »

L’impro, c’est un exercice d’apprentissage constant, où on peut toujours s’améliorer et évoluer dans notre façon de jouer. « Lorsqu’on va en compétition, je leur donne mes attentes: améliorer notre jeu et s’amuser. Si on gagne, je suis heureuse. Si on ne gagne pas, mais qu’on réussit à faire de bonnes histoires, je suis heureuse. Ça crée une ambiance très pédagogique. », dit Émélie Caron. Elle encourage les membres de son équipe à observer et admirer les efforts des autres à différents niveaux, dont la construction, la vitesse d’esprit et la mise en scène. « Quand l’autre équipe gagne plutôt que nous, ils peuvent comprendre pourquoi. » Cloé Levesque, entraîneure de la Polyvalente Roland-Pépin de Campbellton est du même avis : « On les encourage à voir ça comme constructif, nous nous donnons nos propres points positifs et points à améliorer. »

Après les matchs, l’équipe d’Émélie, comme bien d’autres, s’assoit pour parler des points forts et des choses à améliorer. « C’est certain qu’ils ont parfois les blues, mais en créant une ambiance axée sur l’amélioration, ils offrent des solutions, ce qui offre un réconfort ».

Justin Guitard, entraîneur de l’équipe de l’École L’Odyssée de Moncton, se concentre sur le positif : « J’ai énormément misé, dans les derniers mois de préparation, sur le positif et la résilience et sur tout ce qu’on faisait de bien. Je ne reviens pas nécessairement sur le négatif. Je vais ressortir le positif même dans le négatif. S’il y a une punition qu’on n’a pas aimée, ben on ne va pas revenir sur la mauvaise punition. On va revenir sur ce qu’on a fait de bien dans cette impro-là, ou sur toutes les impros durant lesquels on n’a pas eu de punition. C’est la même chose pour un mauvais match. On va penser au bon match qu’on a eu juste avant, puis on va essayer de répéter ce bon match-là. Je mise très peu sur le négatif, et ça, je pense que c’est super important autant dans la vie que dans l’improvisation. »

« Il n’y a pas vraiment de recette magique pour leur remonter le moral, je crois », dit Guyane Pelletier. « Cependant, en tant que coach, je crois que c’est notre devoir de leur rappeler leurs bons coups, leurs améliorations, les belles surprises qu’ils nous ont fait vivre dans certaines impros. Quand ils en prennent réellement conscience, ça aide à accepter les moments plus difficiles. »

De mon côté, j’utilise un peu toutes ces techniques. Je place beaucoup d’importance sur le « bigger picture ». Ce n’est pas la mauvaise impro ou la punition qui compte, mais vraiment les belles choses que les joueurs ont pu créer dans l’arène. J’essaie d’être réconfortante et je leur répète souvent que je ne suis pas une typique entraîneure de sport qui mise sur la victoire, mais plutôt sur le spectacle, l’expérience positive, et les souvenirs qu’ils créent.

Et vous, c’est quoi votre truc pour vous relever après une expérience dite « négative »?

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