Par : Isabelle Godin
Ayant grandi dans le nord du Nouveau-Brunswick, où la culture québécoise a une très forte influence sur le développement de la jeunesse francophone, il va sans dire que je savais qui Claude Legault était et que j’ai sauté sur l’occasion d’obtenir son récit biographique intitulé « Claude Legault : improvisations libres ». Dans une galaxie près de chez vous était un véritable phénomène chez les Godin, tout particulièrement pour mon père et moi. Ce livre, rédigé par Pierre Cayouette, se lit comme une entrevue entre l’auteur et le comédien. Ce dernier lui raconte son histoire, de son enfance à sa cinquantaine, alors qu’il s’apprête à se relancer sur les planches du théâtre.
À première vue, bien que j’étais déjà au courant de la longue carrière de Legault au sein de la LNI, je ne savais pas trop pourquoi il aurait choisi « Improvisations libres » comme titre pour sa biographie. Dès les premières pages, tout est devenu clair. Ce récit raconte l’histoire d’un jeune pour qui l’improvisation a tout changé; expérience que plusieurs lecteurs de ce blogue sauront sûrement reconnaître. Près de la moitié du livre est dédiée au parcours improvisoire de Legault, de la découverte de l’art en regardant la télé et le déclic créé par cette découverte, puis à l’école secondaire, au Cégep, dans des ligues civiles, puis enfin à la LNI. L’analyse qu’il fait de ces années, chargée de nostalgie, démontre clairement comment l’improvisation l’a sauvé, lui a donné une vision pour son avenir – quelque chose qu’il répète souvent tout au long de la lecture.
La véritable valeur de ce récit biographique pour quelqu’un qui, comme ceux qui lisent cet article, mangent déjà de l’impro, se trouve dans la seconde moitié du récit. Bien que cette section du livre porte moins sur les expériences d’improvisation de Legault, elle démontre concrètement comment sa passion et les acquis qu’il a développés à travers cette forme d’art lui ont permis de devenir un auteur et comédien reconnu à travers la francophonie canadienne. La méthode d’écriture qu’il a développée avec Pierre-Yves Bernard découle directement de l’improvisation et lui offre une adaptabilité que ses pairs reconnaissent comme hors du commun sur un plateau de tournage. La capacité de se réinventer constamment pour ses rôles découle aussi de l’importance qu’il accordait à la diversité dans ses prestations sur les planches de la LNI. Il s’est entouré d’ami.e.s avec qui il peut travailler sur presque n’importe quel projet, tou.te.s issu.e.s du monde de l’improvisation. Il adresse enfin les risques associés à se laisser emporter par une passion, au point où on s’écroule, et nous avise sur comment reconnaître ces signes et accepter qu’on doive parfois dire « non » pour son bien-être personnel, mais aussi pour le bien du show. Les leçons et liens qu’on en retire varieront selon notre vécu.
Somme toute, « Improvisations libres » n’est pas un grand roman, je dirais même que le format est difficile à suivre avec des sauts constants dans le temps et plusieurs répétitions. Le récit ne m’a pas nécessairement appris quoi que ce soit sur la discipline que je ne connaissais pas déjà, mais m’a permis de me reconnaître dans l’expérience vécue d’une personnalité publique qui a fait vibrer mon imaginaire. J’utiliserai ses propres mots pour terminer cette critique : « Je voudrais, » confie-t-il, « que le récit de mon histoire puisse un jour inspirer un autre ti-cul un peu mêlé, de Montréal-Nord ou d’ailleurs. Je voudrais leur dire qu’une passion peut nous sauver la vie. Moi, ç’a été l’impro. Pour d’autres, ce sera peut-être le sport ou la musique, peu importe. Et quand quelque chose nous allume, il faut s’y donner à fond, travailler sans relâche. » Alors, allez-y… Improvisez! Vivez votre passion sans gêne et sans regret!
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