Par Isabel Goguen
Il est naturel, à la fin d’une année de réfléchir sur le passé et se donner des buts pour le futur. Parmi les résolutions comme lire plus de livres ou cuisiner plus de repas à la maison, certains décident d’établir des objectifs quant à leur jeu en improvisation. Mais est-ce que c’est utile de se donner des résolutions ou buts d’impro pour la prochaine année?
Pourquoi c’est utile
C’est facile de ne pas réfléchir à son jeu. On joue, puis le match ou spectacle se termine et l’on continue sa vie. Parfois, on en discute avec d’autres improvisateurs; parfois, on n’a que la rétroaction du public pour nous dire si c’était bon/mauvais/ok. À l’âge adulte en particulier, on n’a pas typiquement un entraîneur qui nous guide et nous encourage ou nous force à essayer de nouvelles choses. Il faut être son propre entraîneur. Ainsi, pour créer des résolutions, il faut d’abord faire le point sur son jeu actuel afin d’examiner ce qu’on veut changer ou améliorer, ainsi que ce qui est rendu plate ou répétitif pour soi-même ou pour le public. C’est une belle occasion de réfléchir et d’analyser son jeu en profondeur, puis prendre des décisions qui nous allument.
Je crois qu’il est encore plus facile de dire : « J’ai toujours joué de façon X, et donc c’est comme ça que je joue. » À une certaine étape dans sa carrière d’impro, on craint davantage de sortir de sa zone de confort et de s’éloigner de son jeu habituel au risque de donner un mauvais spectacle. Pour plusieurs, les opportunités de jouer sont peu fréquentes, donc prendre des risques artistiques est moins tentant. Cependant, changer ne veut pas nécessairement dire complètement abandonner son style et son approche au jeu actuel. On peut se donner des défis qui ajoutent à notre boîte à outils ou qui complimentent nos habiletés existantes. Si l’on est typiquement un improvisateur comique, on peut se donner comme but d’explorer le jeu plus dramatique, ici et là. On ne parle pas ici d’uniquement faire des dramatiques, simplement d’aussi faire des dramatiques. Et je crois qu’il est moins effrayant d’occasionnellement faire une dramatique qui est juste ok, mais qui, progressivement, nous aide à bâtir nos capacités à l’intérieur d’un match où l’on utilise également tous nos points forts normaux.
Quand c’est inutile
Chez certains, regarder son jeu de près peut avoir l’impact inverse. Si l’examen de son jeu penche vers la surcritique, on peut se sentir démoralisé, se devenir figé ou s’enlever le goût de jouer complètement. Se donner une liste de résolutions à attaquer n’est probablement pas une approche pour ces gens, et peut-être qu’il serait plus approprié de se lancer des défis plus spontanés lorsque les moments de nouveauté se présentent, ou de cultiver une ouverture générale à essayer des choses.
C’est possible aussi de se donner des buts qui ne sont pas très utiles si, par exemple, ils sont trop spécifiques ou pas assez philosophiques, c’est-à-dire plus une idée pointue qu’une nouvelle façon d’approcher son jeu. Par exemple, l’objectif d’inclure plus de jeu physique dans sa performance est large et peut s’appliquer régulièrement dans de multiples contextes au cours de l’année. Le but de jouer un canard dans une impro est à très court terme et une fois complété, l’apprentissage est limité et terminé. Ça reste que ça peut être amusant, mais pas très formateur.
Une résolution a tendance à faire l’improvisateur se concentrer sur ce qu’il veut changer, mais il est complètement valide de rester le même. On ne veut pas cacher les aspects de notre jeu qu’on aime et qui nous servent. Tant qu’on ne se tanne pas et qu’on trouve des moyens énergisants d’utiliser nos habiletés existantes, il est tout à faire correct de célébrer ses capacités actuelles autant que de se donner des buts pour innover dans l’avenir.
La beauté de l’impro est qu’on est toujours en flux. On a la permission de changer, d’aller dans une nouvelle direction. Je crois que la clé de ne jamais se tanner de l’impro ou de stagner dans son jeu, c’est de souligner ses forces actuelles tout en se permettant de continuer à évoluer et d’explorer de nouvelles capacités. Il faut simplement se donner la patience de développer ses nouveaux acquis, parfois à partir de zéro. Que tu aies besoin de résolutions ou non pour te guider, ce n’est jamais perdu de décider d’explorer la nouveauté et peut-être découvrir, qu’en fait, ta catégorie préférée est la rimée. Peut-être pas lors du premier essai, mais peut-être lors du 10e.
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