Par Michel M. Albert

Licum, saison 2014-2015… Je terminais chacun de mes matchs avec un thème qui suivait une même formule : « X et Y vont à la plage », remplaçant X et Y par des entités de plus en plus absurdes à mesure que l’année avançait. Donc si Pierre et Martine vont à la place dans le premier match, ce sont « Un chien et un chat vont à la plage » vers le 5^e match, et « Un épouvantail et le concept de la paix universelle vont à la plage » à la fin du 13^e. Vous voyez l’astuce.

Hormis les objections d’un joueur particulier qui était toujours surpris que je retourne à la gamique chaque match (non, mais, prend des notes ou quelque chose), le reste, ainsi que le public, n’était pas choqué par la répétition, et en fait, avait hâte de voir QUI irait à la plage à la fin de chaque match. Cependant, toutes les gamiques de thèmes ne sont pas aussi fructueuses, et comme arbitre, il est important de bien juger l’affaire avant de se commettre à une telle thématique.

La question principale qu’il faut se poser est : Est-ce que la gamique est assez large pour assurer et entretenir toutes sortes d’improvisations? Si la gamique demande un certain style, par exemple, elle ne peut pas voler la vedette à une catégorie qui existe déjà (et donc une façon de forcer une à la manière de supplémentaire à chaque match). Tout sujet, point de vue, ou style qui se répète dans la gamique pourrait, en effet, produire des improvisations qui se ressemblent trop. Par exemple, notre arbitre est un vrai gamer et choisit de donner une improvisation First Person Shooter à chaque match. Malgré le thème lui-même qui change, les joueurs se mettront les mêmes idées et façons de faire dans la tête, avec dividendes réduits chaque fois.

Dans le cas où la gamique n’est pas « une fois par match », mais plutôt « pour la durée d’un match », l’effet est encore pire. Prenons, par exemple, la traditionnelle gamique de lire tous les thèmes au dos d’un même CD. Chaque thème est une chanson, d’accord, mais le choix de ce CD devient très important. Utiliser la nomenclature utilisée par un artiste ou groupe particulier pour tout le match n’appuie pas la variété, et d’autant plus, combien d’artistes ne chantent que de l’amour? On se retrouve dans un match avec une seule note à jouer.

D’autres questions à se poser : Est-ce que la gamique est reconnaissable des joueurs et du public chaque fois? (Sinon, à quoi bon?) Est-ce qu’elle requiert du temps d’explication (ou de manutention, dans le cas de thèmes qui doivent être tirés de quelque part, ou qui nécessitent une décision du public, etc.) qu’on n’a pas, surtout en tournoi? Est-ce que c’est drôle/intéressant, ou est-ce, tout simplement, que JE ME TROUVE drôle/intéressant?

Alors, si on retourne à « X et Y vont à la plage », est-ce que nos critères sont remplis? Ça frôle la limite, n’est-ce pas? Toujours un même lieu, on devrait y voir un danger. Cependant, la richesse des personnages placés dans cette situation – une seule fois par match – a donné des improvisations très variées pendant la saison. Le lieu était, en fait, la chose la moins importante dans le thème, mais, en soit, quand même assez varié (le sable, la mer, la saison, etc.). Alors, succès. Mais elles ne le seront pas toutes, donc soyez prêt à laisser votre gamique aller quand elle est épuisée.

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