Les bandes d’improvisation : Outil de mise en scène

Par Isabel Goguen

Dans un match traditionnel, les équipes n’ont pas accès à beaucoup de matériel. À moins de jouer une catégorie spéciale, les improvisateurs ont le droit à leur chandail et aux bandes seulement. Mais, est-ce que les bandes servent un rôle autre que de délimiter la zone de jeu ? 

Ceux qui n’aiment pas les bandes pointent vers le côté négatif principal, soit qu’elles cachent parfois le jeu. Dès que les joueurs sont assis ou couchés dans l’arène, ou encore qu’ils soient de plus courte taille, le public perd de vue, totalement ou partiellement, leur performance. Ceci limite donc les options créatives offertes aux équipes, encourageant les joueurs à rester debout et à se concentrer sur le mime du haut du corps.  

Bien que ceci est vrai, un des côtés positifs des bandes est aussi qu’elles cachent parfois le jeu. Ne pas être vu par les spectateurs n’est pas exclusivement une mauvaise chose, même que ça peut mener à des mises en scène et des concepts intéressants. Puisque la structure de l’arène cache les joueurs en jeu, dans certains cas, du début de l’impro, ils sont prêts à apparaître soudainement ou progressivement durant la situation créée. Les bandes facilitent des moments de surprise, des voix qui sortent de nulle part, ou des concepts particuliers comme un spectacle de marionnettes. Les équipes peuvent également se servir de cette approche pour proposer un lieu, par exemple, en établissant que lorsque les joueurs se cachent dernière la bande, ils sont sous l’eau dans une piscine.

Les bandes permettent également de jouer avec la hauteur. Les joueurs peuvent se coucher, s’asseoir ou se placer debout sur l’ensemble des bandes, faisant contraste avec les improvisateurs qui sont debout dans l’arène, ou si possible, visiblement assis ou couchés sur le plancher de la scène. Les bandes offrent même l’option de se positionner à gauche ou à droite, à l’avant ou à l’arrière. Toutes ces options peuvent créer des effets et établir des dynamiques entre les personnages. Un exemple facile est un monstre géant qui se place debout sur les bandes afin de créer un visuel plus impressionnant comparé aux autres personnages qui se veulent tout petits. Ou un personnage qui tente de faire une décision entre deux amoureux, un dans un coin à droite et l’autre dans un coin à gauche. Ces mises en scène simples peuvent amplifier une idée et ajouter du visuel à une impro très verbo-motrice. 

Il ne faut pas oublier que typiquement, un ensemble de bandes forme un genre de cercle/rectangle (ou presque s’il manque la bande d’en avant), offrant des opportunités de cet angle également. Des personnages peuvent se rendre d’un coin à l’autre, debout ou à genou, par exemple, en tant que de voleurs dans le système de ventilation dans les murs d’une banque. Ou encore, peut-être que la surface des bandes représente la voie d’un train, mimé avec sa main, suivant le tour de l’arène pour se rendre à destination.  Bien sûr, il est toujours important de vérifier le niveau de sécurité d’un ensemble de bandes avant de monter dessus. Certaines ne sont pas très très solides, d’autres un peu brisées, d’autres beaucoup moins stables si on n’utilise pas la bande avant. C’est toujours mieux d’être certain que de se blesser ou de tomber directement sur l’ordinateur du DJ!

On peut regarder les bandes d’impro comme on regarde la salle dans une sans limites ni frontières. À quoi ressemblent les différentes parties de l’ensemble de bandes? Comment la forme peut-elle nous inspirer? À quoi ressemble-t-elle du point de vue du public? Est-ce qu’il est possible de créer un effet amusant ou artistique avec ce point de vue en tête? Bien que parfois, les bandes ne font que définir l’aire de jeu, il peut être intéressant de réfléchir activement aux moyens de les intégrer à notre mise en scène et à la création de nos personnages pour offrir une expérience visuelle variée.

Vous voulez écrire un article? Communiquez avec nous à improvisationnb@gmail.com! 

Laisser un commentaire