Le choix de marionnette

Par Michel M. Albert

Dans la formule en ligne, une improvisation-marionnette s’impose. En gros, il s’agit d’un moment où les joueurs nous donnent un break de leurs visages et doivent braquer leur caméra sur leurs mains ou des objets, et prêter voix à ceux-ci. Mais quel accessoire fait la meilleure marionnette?

Une marionnette avec sa propre identité?

Il peut sembler pertinent d’utiliser un objet qui a un visage, voire même une identité que les gens reconnaissent (comme Spider-Man ou Winnie the Pooh), mais il faut faire attention. Plus la marionnette est SPÉCIFIQUE, plus elle est ancrée dans un personnage défini qui limite ce que le joueur peut faire. Le joueur peut, certes, ignorer cette identité, mais il risque une dissonance. Le public reconnaît le personnage et ne l’accepte pas réellement dans le rôle différent qui lui est imposé.

En d’autres mots, on ne peut pas faire n’importe quelle impro avec n’importe quelle marionnette. Ou on peut, mais elle ne sera pas à point. Il y aura toujours quelque chose d’insatisfaisant, quelque chose qui sortira le public de l’improvisation.

On pourrait donc dire qu’un objet qui a un visage sans aucune identité claire (un petit nounours générique, par exemple) est mieux qu’un objet avec une identité spécifique, et si on suit cette logique, qu’un objet sans visage du tout est le plus ouvert à l’interprétation. Cette salière et cette poivrière, cette fourchette, ce ballon, ne présentent même pas une émotion spécifique (le nounours, bien qu’anonyme, a tout de même un visage triste ou souriant qui limite son utilisation), et sont donc plus malléables en termes de personnages.

L’option bon marché

Il ne faut tout de même pas négliger la main nue comme marionnette. Bien qu’un joueur peut préparer une pleine table d’accessoires qui sont à la porter de la main, il ne faut pas se sentir limité si on n’a pas une panoplie de « cossins » à la maison (les parents ont plein de jouets, évidemment, mais on n’est pas tous là dans notre vie). La main, soit qui parle comme une bouche (position serpent) ou qui utilise les doigts comme jambes et bras, est parfaitement anonyme et peut jouer bien des personnages. Quelques accessoires peuvent lui porter appui – du papier mouchoir peut servir de jupe, ou une carte bancaire devenir un tapis volant – mais reste que si c’est à notre tour de rentrer, et qu’on n’a pas d’accessoire qui semble pertinent à l’idée lancée en caucus, la main est au minimum un dernier recours flexible qui s’adapte à toute idée.

La marionnette en équipe

Une difficulté additionnelle se présente quand l’on joue à plus d’un joueur. Est-ce que nos marionnettes, issues de différents foyers peuvent exister dans un même univers? Il est bon ici de se préparer en conséquence avec des objets que tout le monde a dans sa collection. Par exemple, est-ce que tout le monde a une tasse de café qui a du caractère? Est-ce que tout le monde a un animal de compagnie qui servirait de « marionnette vivante »? Est-ce que l’équipe veut investir dans un distributeur de Pez, ou fabriquer des personnages en cartons collés sur un bâton de popsickle? Et puis bien sûr, il y a toujours les mains. L’important en jeu d’équipe est de créer une certaine cohérence, ou sinon, un contraste qui fonctionne à l’intérieur de l’univers créé. Par exemple, si toutes les marionnettes sont des fruits, on pourrait introduire un légume, un verre de jus ou un couteau, question de créer un conflit naturel. Mais G.I. Joe n’a pas d’affaire dans cette impro de pommes et oranges.

En conclusion

Que vous ayez un bac plein d’accessoires qui vous inspirent ou que vous courriez à l’entour pendant le caucus pour trouver l’objet parfait dans un tiroir quelque part, l’important est que vos marionnettes soient organiques à l’impro et au monde qu’elle crée. Plus l’objet est anonyme, plus il peut passer pour n’importe quoi et n’importe qui, mais c’est aussi intéressant d’explorer la nature de l’objet. Donc, cette salière peut tout simplement être une petite madame qui se rend au marché, mais peut-être parle-t-elle d’un ton « salé ». Ou alors, elle sait qu’elle est une salière et on développe la vie d’un tel objet (à la manière de Toy Story et autres films de Pixar). Il n’y a pas de formule, mais il y a certainement des façons de faire qui se veulent plus satisfaisantes.

Bonne exploration!

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