Par Vicky Lavoie
En improvisation, on parle souvent d’écoute, de construction d’histoire et d’émotions… mais on oublie parfois un autre élément tout aussi important : l’espace.
L’aire de jeu n’est pas qu’une scène, c’est un terrain infini de possibilités. Pourtant, beaucoup d’improvisateurs se retrouvent (presque) toujours au centre, par habitude, par confort ou simplement parce qu’on ne pense pas bouger.
Pourtant, exploiter toutes les zones de jeu change complètement la dynamique d’une scène. Ça attire l’œil du public, ça apporte de la variété, et ça peut même inspirer de nouvelles idées d’histoire. Voyons comment chaque partie de l’espace peut devenir un atout.

Pourquoi utiliser toute l’aire de jeu ?
Ça donne du rythme et du dynamisme : Une scène statique risque de perdre de l’énergie.
Ça enrichit l’histoire : Chaque déplacement peut signifier quelque chose, comme un changement de lieu, d’émotion ou de relation.
Ça crée de la clarté spatiale : Les différentes zones peuvent représenter des endroits distincts (une maison, un parc, un quai…).
Ça capte l’attention du public : Les yeux suivent naturellement le mouvement.
Bref, l’espace n’est pas un décor vide, c’est un personnage silencieux qu’on peut mettre au service de l’impro.
Les coins : pour les secrets et les surprises
Les coins de l’arène sont souvent délaissés et pourtant, ils regorgent de possibilités.
Intimité : Un coin est parfait pour une conversation confidentielle ou une déclaration timide.
Isolement : Un personnage dans un coin peut sembler exclu ou en retrait du reste du monde.
Support narratif : Un coin peut devenir un mur, une armoire ou un endroit où on cache quelque chose… ou quelqu’un.
Exemple : Dans une impro policière, tu peux te glisser dans un coin pour observer la scène « à couvert », puis surgir au moment clé pour arrêter le suspect.

L’avant de l’arène : pour captiver et se connecter
C’est la zone de proximité maximale avec le public.
Intensité : Avancer vers l’avant rend une émotion plus forte.
Connexion directe : Idéal pour briser le quatrième mur ou lancer une réplique complice.
Humour : Une blague chuchotée tout près du public peut devenir mémorable.
Exemple : Pendant une impro romantique, s’approcher du bord pour murmurer une confession au public pendant que l’autre personnage « n’entend et ne voit » rien.
L’arrière de l’arène : pour la profondeur et le suspense
Cette zone est parfaite pour donner de la perspective à la scène.
Décor imaginaire : L’arrière peut représenter un horizon lointain, une porte qui mène ailleurs, un lieu interdit.
Effet dramatique : S’éloigner renforce l’impression de distance physique ou émotionnelle.
Suspense : Arriver du fond, c’est faire une « grande entrée » qui capte immédiatement l’attention.
Exemple : Un personnage peut s’avancer depuis le fond en chantonnant, donnant l’impression qu’il arrive d’un long voyage.

Les bandes : pour jouer avec le décor et surprendre
Entrées et sorties fluides : Parfait pour changer de lieu ou introduire un nouveau personnage sans couper le rythme.
Effet de surprise : Un personnage peut apparaître soudainement, ou se glisser hors de vue.
Création hors-champ : Les bandes peuvent représenter une pièce adjacente, une rue, ou même une coulisse de spectacle, d’où on entend une ou des voix.
Support physique : On peut s’asseoir sur les bandes pour montrer la détente ou la fatigue, s’adosser pour jouer la réflexion, voire grimper légèrement pour créer un effet de hauteur et dominer une situation ou observer la scène.
Exemple : Dans une impro d’espionnage, grimper sur la bande pour « espionner par-dessus un mur » peut créer un gag visuel ou un moment de tension.
En conclusion…
En impro, l’espace est une ressource gratuite et infinie… à condition de l’utiliser. Les coins, l’avant, l’arrière et les bandes ne sont pas seulement là pour délimiter le jeu, mais pour l’enrichir. La prochaine fois que vous entrez dans l’arène, demandez-vous : Suis-je en train de raconter cette histoire seulement avec mes mots… ou aussi avec l’espace autour de moi ?
Et surtout, osez explorer. Les meilleures surprises se trouvent parfois… juste deux pas à gauche.
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